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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 12:45

 

par Valéry Laramée de Tannenberg
25 octobre 2012

 


                       Athènes peut-elle encore protéger son environnement ?
                                                     Athènes peut-elle encore protéger son environnement ?

 

 

Les unes après les autres, les lois protégeant l’environnement sont mises sous le boisseau, au nom du développement économique… et de la corruption.


A force de couper, sabrer, raboter les dépenses publiques, le gouvernement finit par ne plus remplir ses missions, fussent-elles régaliennes. Avec des conséquences qui surviennent très rapidement. L’exemple de la protection de l’environnement, en Grèce, est à cet égard sidérant. Devant rembourser ses créanciers, publics et privés, le pays des Hellènes n’a plus suffisamment de liquidités pour protéger sa nature ni ses citoyens. Cette année, le budget de la sécurité civile a ainsi été amputé de 45%, rappelle le quotidien Kathimerini.

 

Les pompiers ont dû faire des choix. Faute d’avoir pu payer le renouvellement de leur licence de vol, aucun des pilotes des 5 hélicoptères bombardiers d’eau n’a pu décoller cet été. Faute d’entretien suffisant, 3 des 18 hydravions Canadair ont été cloués au sol. Sans surprise, le millésime 2012 restera un grand cru des feux de forêts. Il y a plus pernicieux encore. Car, dans un pays dont le quart de la population est réduite au chômage, tout élément considéré comme une entrave à la production de richesse est voué au royaume d’Hadès.

 

Mis sur pied en 2010 pour financer la reforestation des zones ravagées par les incendies, le Fonds vert est très largement ponctionné par le ministère des finances. Sur un budget initial de 4 milliards d’euros, il ne reste plus que 400 millions. Au mépris de la législation, le ministère de l’environnement a autorisé, en avril, la construction d’un gigantesque complexe touristique dans le centre du pays: trois hôtels de luxe, trois parcours de golf, de nombreux tennis, un amphithéâtre de 700 places et 5.000 logements. Le tout s’étendant sur une superficie de 1.500 hectares.

 

Le problème? Cet investissement n’aurait pu être possible sans un récent amendement aux lois sur l’urbanisme qui autorise les constructions dans les massifs forestiers. Deux autres complexes touristiques, semblables à celui d’Atalanti, sont en cours de réalisation, à Navarino, dans le Péloponnèse, et à Itanos, en Crète. Dans ce dernier cas, c’est l’église orthodoxe qui cède 3.000 ha au promoteur Minoan Group.

 

De mois en mois, le ministre de l’environnement reporte le délai au-delà duquel les propriétaires de logements construits sans permis ne pourront plus régulariser leur situation; ouvrant la possibilité aux autorités de démolir les constructions illégales. En juillet dernier, rappelle le quotidien athénien, 400.000 personnes ont entrepris des démarches de régularisation de leur situation. Or, tant qu’une décision administrative définitive n’est pas rendue, aucune peine (de la simple amende à la démolition) ne peut être infligée aux contrevenants. De là à imaginer que Giorgos Papaconstantinou asphyxie sa propre administration pour s’attirer les bonnes grâces d’électeurs délinquants…

 

Comme son collègue de l’environnement, Makis Voridis le ministre des infrastructures est lui aussi prompt à favoriser le bétonnage de l’environnement grec, au nom du dynamisme économique. Un projet de réglementation favorise l’ouverture à la promotion immobilière de zones naturelles protégées. Et ce, sans la moindre restriction.

 

Classée comme l’un des pays les plus ensoleillés d’Europe, la Grèce vient de baisser ses tarifs d’achat d’électricité produit par les centrales photovoltaïques existantes et d’interdire la réalisation de nouvelles. Conséquence: l’électricien public PPC préfère construire une nouvelle centrale au lignite (le combustible émettant le plus de CO2) plutôt que d’investir dans la décarbonisation du secteur électrique.

Périclès, réveille-toi, ils sont devenus fous.

 

Source : http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-vrai-prix-de-la-crise-grecque,31345

 

 

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 08:40

 

SOCIÉTÉ 

Credit-1.jpg

                         La multiplication des cartes de crédit désoriente toujours plus de consommateurs.   

                                                                       Photo Flémal

 

 

 

Selon le magazine Que Choisir d'avril 2012, édité par l'UFC (association de défense des consommateurs) il y aurait toujours des abus dans la grande distribution en ce qui concerne l'octroi de crédits à la consommation. Après avoir mené une enquête sur l’application de la loi Lagarde dans la distribution de crédits sur les lieux de vente, l’UFC dévoile que les mauvaises habitudes sont malheureusement toujours là, à savoir : 

  • Orientation quasi-systématique des consommateurs vers le crédit renouvelable

  • Non vérification de la solvabilité des demandeurs

  • manque d’informations objectives et transparentes sur les offres proposées

Cette enquête révèle en particulier que :

  • 8 fois sur 10, le crédit renouvelable est proposé sur les points de vente sans autre choix. Appelé encore Crédit revolving, il est particulièrement critiqué pour être responsable de nombreux cas de surendettements.

  • Ce crédit renouvelable n'est 2 fois sur 3 pas désigné comme tel et présenté comme une « réserve d’argent » ou un « panier ». Il est octroyé sans préciser pas le montant des intérêts qu'il engendre, les frais de dossier, les possibilités de remboursement anticipé ou encore le délai de rétraction.

  • Par ailleurs, les crédits gratuits (proposés dans 52% des cas), et les crédits amortissables (48%) sont souvent assortis de l’obligation de souscrire une carte de fidélité du magasin qui, dans 3 cas sur 4, ouvre directement l'accès à un crédit renouvelable.

  • Les sites Internet des organismes de crédit dissimuleraient les offres amortissables pour les crédits inférieurs à 3.000 ou 3.500 euros, en bas de page des contrats, en petits caractères ou sous des liens discrets.

Ces organismes ne respectent la loi sur crédit à la consommation promulguée en juillet 2010 et qui oblige pourtant les distributeurs de crédits à offrir systématiquement le choix, pour les prêts supérieurs ou égaux à 1.000 euros, entre un crédit renouvelable et un crédit amortissable.  

 

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                             De plus en plus de personnes s'endettent aussi pour se soigner                             

Photo : Flémal

 

L’association a donc conséquemment déposé une plainte auprès du Tribunal de grande instance de Paris contre cinq établissements de crédit (Sofinco, Financo, Cetelem, Cofidis et Cofinoga) pour « défaut d’offre alternative ».

 

UFC-Que Choisir a également écrit au Ministère de l’économie et aux parlementaires, pour leur demander de durcir le cadre de la distribution de crédit sur le lieu de vente en y interdisant les crédits renouvelables ainsi que le démarchage. UFC-Que Choisir a enfin transmis les résultats de son étude à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) *

 

* Voir à ce sujet quelques éléments dévoilés le 24/09/2012 avec beaucoup de parcimonie par la DGCCRF suite à l'établissement du premier bilan de la réforme de 2010 du crédit à la consommation : http://www.economie.gouv.fr/files/directions_services/dgccrf/presse/communique/2012/cp_reform_credit_conso120924.pdf

 


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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 20:56

 

 

Santé : pour le Sénat, la dangerosité des pesticides est sous-évaluée

 

Publié Le 24 Octobre 2012 à 15h51 par: http://www.bioaddict.fr/article/pesticides-le-risque-pour-l-homme-est-gravement-sous-evalue-a3359p1.html 

 

Une mission d'information sur les produits phytosanitaires et leur impact sur la santé vient de remettre ses conclusions. Le bilan est sans équivoque : les risques des pesticides pour la santé sont actuellement sous-évalués.

 

OGM, pesticides et santé : Séralini lâche la bombeCinq point à retenir de cette mission parlementaire :

- les dangers et les risques des pesticides pour la santé sont sous-évalués 
- les protections contre les pesticides ne sont pas à la hauteur des dangers et des risques 
- les pratiques industrielles, agricoles et commerciales actuelles n'intègrent pas toujours suffisamment la    préoccupation de l'innocuité pour la santé du recours aux pesticides 
- le plan Ecophyto 2018 doit être renforcé 
- améliorer la procédure d'autorisation de mise sur le marché des pesticides et assurer un suivi de ces       autorisations à travers les effets constatés sur la santé

                4ee7421327b7f-250x126.jpg

                              Susceptibles de favoriser le cancer de la prostate, le lymphome ou encore la leucémie.

Est-ce la fin de l'omerta sur les pesticides ? On peut l'espérer grâce au rapport délivré hier par une mission d'information, composée de 27 sénateurs, toutes tendances confondues. Un rapport " des plus sévères ", se réjouissent les associations elles-mêmes, comme Générations Futures, qui dénonce leur utilisation depuis 15 ans.

Après sept mois de travail, le rapport de 348 pages a été adopté à l'unanimité par les 27 sénateurs de la mission, effectuant une centaine de recommandations qui devraient faire l'objet d'un débat en séance plénière en janvier 2013. "Il faut plus de volontarisme et de transparence pour aller vers le risque zéro", a résumé la sénatrice socialiste Nicole Bonnefoy, rapporteur de la mission. Celle-ci n'a pas mâché ses mots à l'heure de faire le bilan : "J'ai été surprise de voir le contraste entre les précautions prises dans les usines de fabrication, avec des ventilations, des robots, des masques, et l'utilisation parfois à mains nues par les agriculteurs", a-t-elle ainsi expliqué au journaliste de 20 Minutes.

 

La peau, organe le plus vulnérable

Le rapport note ainsi que la peau "est quantitativement l'organe le plus contaminé". Or, de nombreux pesticides commercialisés dans l'hexagone ont une toxicité cutanée reconnue, qu'il s'agisse des fongicides ou de certains herbicides. Les dermatoses, les rhinites, asthmes et insuffisances respiratoires chroniques sont reconnus comme des maladies professionnelles s'ils sont liés à la manipulation de pesticides. Un lien a également été démontré dans une soixantaine d'études entre la maladie de Parkinson et l'utilisation de pesticides. Des doutes restent permis quant à la maladie neurologique d'Alzheimer. Mais de fortes présomptions" existent pour le cancer de la prostate, le lymphome ou encore les leucémies et les cancers du cerveau chez l'enfant, bien que de nouvelles études soient nécessaires.

 

En février 2012, pour la première fois de son histoire, la justice française reconnaissait la culpabilité de la société Monsanto dans l'intoxication par inhalation d'un agriculteur céréalier charentais. Paul François, à 48 ans, avait fait de son combat contre le Lasso, interdit depuis à la commercialisation, un symbole de la lutte contre l'omerta fomentée par les sociétés biochimiques sur les pesticides.

 

La France : 4ème consommateur mondial de pesticides

On peut donc se réjouir que dans la foulée d'une telle décision de justice, les sénateurs se soient penchés de près sur ce scandale planétaire. Malheureusement, la France tient une place de choix dans ce marché mortel : elle est quatrième consommateur mondial de produits phytosanitaires, avec 60.000 tonnes en moyenne par an, ce qui représente un tiers de la consommation européenne.

 

Avec un tel positionnement, la route d'une agriculture dépourvue de produits phytosanitaires, encouragée par la mission parlementaire (d'ici 5 ans), semble longue, et semée d'embuches.

 

De son côté l'association Générations futures appuie " la nécessité d'améliorer la procédure d'autorisation de mise sur le marché des pesticides (AMM " demandée par le rapport parlementaire. " Au lendemain du rendu de l'avis de l'Anses sur l'étude de G.E Séralini, cette demande prend tout son sens, estime l'association. En effet l'Anses a préconisé hier dans son rapport d'engager des recherches sur les effets chroniques des pesticides sur la santé. La demande de la mission parlementaire d'une amélioration de la procédure d'autorisation des pesticides commande une évolution encore plus ambitieuse de l'évaluation. "

Reste à organiser un débat limpide en 2013 et à mettre en oeuvre ces recommandations, qui semblent aujourd'hui indispensables pour protéger la santé des agriculteurs et des consommateurs.

 

Olivia Montero

 

 


 

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 20:00

 

SOCIÉTÉ

          Merkel 3

                               Une harmonie de façade qui dissimule mal de profondes divergences d'intérêts.   

                                                                           Image : Robert Arnholz 

 

Peu soucieuse de s'entourer de la moindre précaution de forme envers ses voisins et "amis français", la presse conservatrice allemande - ici le quotidien "DIE WELT", fleuron du tentaculaire groupe d'édition Axel Springer¹·² - verse volontiers dans la désinvolture et l'arrogance lorsqu'il s'agit de soutenir la Chancelière et de faire comprendre qui donne le ton dans l'Europe d'aujourd'hui. Cette façon de procéder paraissait encore difficilement concevable à la veille de la réunification allemande.   

Voici, avec un petit décalage dans le temps, un échantillon des propos parus dans l'édition du lundi 16 juillet 2012 de ce journal, sous la plume du journaliste Ulf Poschardt³ qui semble montrer peu de compréhension pour le rôle assigné au nouveau Président français. 

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT 

                   
      
  

 AVEC HOLLANDE, NOUS ÉCHOUONS 

                                                                        Traduction : Sirius


La France donne l'impression d'être perdue. L'axe germano-français n'a pratiquement plus de sens. Comme si le soutien provocateur apporté lors de l'important sommet de Bruxelles par le nouveau président François Hollande aux pays endettés (de la zone euro NDLR) n'était pas une preuve suffisante du peu d'intérêt porté envers le partenariat avec les Allemands, voilà maintenant que s'annonce une nouvelle provocation qui va avant tout porter préjudice à l'Allemagne, puisqu'elle prévoit des mesures de sauvetage d'une industrie automobile française aux modèles difficilement commercialisables. Le dernier véhicule vraiment remarquable que les Français développèrent a été, en 1955,  la Citroën DS, qui fut un parfait exemple de la capacité d'innovation européenne4. Depuis, les constructeurs automobiles français se trouvent dans une sorte d'effondrement peu spectaculaire, qui impose à Peugeot un sauvetage par le biais d'une réduction radicale de son personnel. Ceci ne correspond pas au souhait du président socialiste François Hollande qui juge ce plan inacceptable, s'interposant ainsi en Super-PDG de Peugeot et Citroën.

Bienvenue dans l'économie étatisée. Dans un peu plus d'une semaine le gouvernement socialiste veut présenter un plan pour l'industrie automobile. Les subventions prévues doivent, entend-on dire, si possible ne pouvoir profiter qu'aux constructeurs français et venir, en contre partie, plus lourdement imposer les véhicules de luxe. Ceci affecte particulièrement les constructeurs allemands. Le tout devrait être présenté sous le couvert d'une mesure écologique, censée favoriser la vente des modèles hybrides français sur le marché. L'interaction entre l'économie étatisée, le protectionnisme, les augmentations d'impôts et l'octroi de subventions aux produits non-commercialisables, s'apparente ainsi à une caricature socialiste de gouvernance économique. Ceci est une voie autoritaire, réactionnaire et liberticide qui, venant d'une nation qui lutta significativement et avec succès pour la propagation des droits civiques, apparaît étrangement indigne. Si Hollande devait conséquemment poursuivre sur cette voie, la France perdrait alors le contact avec les Allemands. Pour Angela Merkel les Français ne sont dès maintenant déjà plus des partenaires de même rang.

Hollande agit comme un carriériste aigri. Il a été forgé, ainsi que la plupart des hommes politiques de haut niveau, par l'élitaire ENA, et se considère de ce fait comme légitimé pour impulser un changement de l'ordre des valeurs. Merkel doit prendre soigneusement en considération d'autres membres de l'alliance tels: les Polonais, les Anglais, les Scandinaves, les Baltes et les Hollandais, pendant qu'à Paris les dirigeants veulent une Europe bureaucratique et protectionniste qui observe d'un regard soupçonneux la liberté entrepreneuriale et la globalisation. L'exemple Peugeot-Citroën illustre aussi cela ; ce sont des firmes qui se targuent dans leurs spots publicitaires de proposer des véhicules que l'on peut facilement confondre avec des produits allemands, mais qui ne sont en fait tout au plus que des copies en manque d'inspiration, comme l'est également Hollande, réincarnation de son prédécesseur Mitterrand.

 

 

¹ Le groupe d'édition Axel Springer édite en France : Auto Plus, Télé Magazine, Vie Pratique Gourmand, Vie Pratique Madame. Il est présent sous Internet avec : aufeminin.com, Marmiton, Teemix, Joyce, Voyage Bon Plan, Santé AZ, Tiboo. Il détient par ailleurs des participations majoritaires dans zanox.com (marketing en ligne), idealo.fr (site comparateur de prix), seloger.com (annonces immobilières), stepstone.fr (diffuseur d'offres d'emploi) et autoreflex.com (site de véhicules d'occasion).

² À ne pas confondre avec le groupe d'édition Prima Presse, filiale française du géant allemand Bertelsmann, qui détient pour sa part les titres de presse suivants : Capital, Géo, Management, Néon, Télé-Loisirs, TV 15 jours, TV Grandes chaînes, VSD, Voici, Gala, Femme Actuelle, Prima, Prima Maison, Cuisine Actuelle, Guide Cusine, Gala Gourmand, Intense. Bertelsmann détient par ailleurs les médias audio-visuels RTL et M6, regroupés sous la bannière de RTL Group. Le groupe Motor Presse France, qui édite entre autres L'Automobile, L'Officiel et Moto journal, appartient également au groupe Bertelsmann. France Loisirs: éditeur et club de lecture.

³ http://www.welt.de/print/die_welt/article108298801/Mit-Hollande-scheitern-wir.html

4 Remarquer ici que l'unique compliment adressé à un constructeur français pour un modèle jadis produit est curieusement transposé en "capacité d'innovation européenne".  

 

Les annotations ci-dessus sont de la rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT . 

 

Nota: Les rapports franco-allemands pourraient désormais s'approcher du point de bascule. Pour mieux le 

         comprendre, lire l'analyse de Frédéric Lordon parue sous le site Internet du Monde diplomatique :

         http://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/LORDON/48034 ...  et ne pas oublier de soutenir 

         financièrement ce mensuel si vous le pouvez.

 

 

 

 



 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 15:02

 

 

MAÏS TRANSGÉNIQUE MK603

  

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                                           La nuisance des OGM à nouveau au coeur du débat européen

 

 

On  se  souvient  avoir  lu  sous  notre  rubrique  "  SANTÉ  &  ENVIRONNEMENT "  (titre : "RÉVÉLATIONS ACCABLANTES SUR LE MAÏS TRANSGÉNIQUE) l'alarme lancée par le professeur Séralini suite aux tumeurs développées par des rats de laboratoire nourris au maïs génétiquement modifié de type NK603 cultivé avec et sans herbicide de Type Roundup et dont les semences sont vendues à l'échelle planétaire par la société américaine Monsanto.
Cette révélation éveille les plus grands doutes sur la supposée indépendance scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui avait autorisé la culture et la commercialisation de ce type de maïs en Europe. Elle soulève par ailleurs le problème crucial du fonctionnement interne de cette institution qui semble ne pas être en mesure d'échapper à l'influence des puissants lobbies des industries agro-semencière et agro-alimentaire, posant ainsi un problème déontologique qui met sa crédibilité en cause.


Nous reprenons ci-après une tentative de justification de l'Efsa, suivie d'une "lettre ouverte" de scientifiques publiée par Independent science news, ainsi que des réactions de Chantal Jouanno (ex secrétaire d'État à l'Écologie) et Guillaume Malaurie (chroniqueur environnemental au Nouvel Observateur).

 

L'Efsa répond pour clore ces textes à une question sensible que nous avons trouvé judicieux de lui poser.

 

La Rédaction de HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

Communiqué de presse de l'Efsa

4 octobre 2012

 

L'EFSA publie son examen initial de l’étude sur le maïs OGM et les herbicides

 

L'Autorité européenne de sécurité des aliments a conclu que l’article récent soulevant des préoccupations au sujet de la toxicité potentielle du maïs NK603 génétiquement modifié (GM) et d'un herbicide contenant du glyphosate était d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques.

L’examen initial réalisé par l’EFSA considère que la conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats. L'EFSA a invité les auteurs Séralini et al à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d’acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude.

Les lacunes constatées ne permettent actuellement pas à l'EFSA de considérer les conclusions des auteurs comme étant scientifiquement valables. Les nombreuses questions relatives à la conception et à la méthodologie de l'étude telles que décrites dans l’article impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés.

Par conséquent, en se fondant sur les informations publiées par les auteurs, l'EFSA considère qu’il n’est pas nécessaire qu’elle réexamine l’évaluation précédente réalisée sur la sécurité du maïs NK603, ni qu’elle tienne compte de ces résultats dans le cadre de l'évaluation actuelle qu’elle effectue sur le glyphosate.

L’EFSA estime que l’article n’a pas été élaboré conformément aux bonnes pratiques scientifiques en vigueur, telles que les lignes directrices reconnues sur le plan international en matière d’études scientifiques et de communication des résultats.

Per Bergman, qui a dirigé les travaux de l’EFSA, a déclaré: " Certains pourraient être surpris par le fait que la déclaration de l'EFSA se concentre sur la méthodologie utilisée dans cette étude plutôt que sur ses résultats, mais cette question est justement au cœur du problème. Lorsqu’on réalise une étude, il est essentiel de s’assurer qu’un cadre approprié soit mis en place. Si on a clairement défini ses objectifs et qu’on a établi une conception et une méthodologie appropriées, on constitue une base solide à partir de laquelle des données précises et des conclusions valides peuvent être générées. Sans ces éléments, il est peu probable qu’une étude se révèle fiable et valide."

Le directeur de l'évaluation scientifique des produits réglementés ajoute que l'étude des effets possibles des OGM sur le long terme a toujours été et sera toujours un élément clé du travail de l'EFSA pour protéger les animaux, l’homme et l'environnement.

L’examen préliminaire publié aujourd'hui par l’EFSA constitue la première étape d’un processus qui se déroulera en deux phases. Une seconde analyse, plus complète, sera publiée d'ici la fin octobre 2012. Celle-ci tiendra compte de toute information complémentaire communiquée par les auteurs de l'étude, qui auront l’opportunité de fournir à l'Autorité la documentation sur laquelle ils se sont basés ainsi que les procédures relatives à leur étude afin que l’EFSA acquière la compréhension la plus complète possible de leurs travaux. Ce second examen inclura également un résumé des évaluations réalisées par les États membres sur l’article ainsi qu’une analyse menée par les autorités allemandes responsables de l’évaluation du glyphosate.

 

Principales conclusions de l'examen initial

Le groupe de travail, composé de scientifiques choisis parmi les unités « GMO », « Pesticides » et « Évaluation scientifique » de l’Autorité, a dressé une liste de questions concernant l’étude qui devraient être résolues avant que cette dernière puisse être considérée comme une étude correctement menée et adéquatement documentée.

  • La souche de rat utilisée dans cette étude sur deux ans est sujette à développer des tumeurs au cours de son espérance de vie d'environ deux ans. Cela signifie que la fréquence observée des tumeurs est influencée par la fréquence naturelle des tumeurs typiques à cette souche, indépendamment de tout traitement. Ce fait n’est ni pris en compte ni abordé par les auteurs.

  • Les auteurs ont divisé les rats en 10 groupes de traitement mais ils n’ont mis en place qu’un seul groupe de contrôle. Cela signifie qu'il n'y avait pas de contrôle approprié pour quatre groupes – environ 40% des animaux – ayant tous été nourris avec du maïs GM traité ou non traité au moyen d’un herbicide contenant du glyphosate.

  • L’article n'a pas respecté les méthodes normalisées reconnues sur le plan international –connues sous le nom de protocoles – en matière de mise en place et de réalisation d'expériences. La plupart de ces procédures sont élaborées par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

  • Pour une étude de ce type, les lignes directrices de l'OCDE indiquent la nécessité d’utiliser un minimum de 50 rats par groupe de traitement. Séralini et al n’ont utilisé que 10 rongeurs par ensemble de traitement. Le nombre peu élevé d'animaux utilisés est insuffisant pour pouvoir faire une distinction entre l'incidence des tumeurs dues au hasard et celles dues à des effets spécifiques associés au traitement.

  • Les auteurs n'ont pas communiqué leurs objectifs de recherche. Les objectifs de recherche sont les questions auxquelles une étude vise à répondre. Ils définissent des facteurs essentiels tels que la conception de l'étude, la taille correcte de l'échantillonnage ou encore les méthodes statistiques utilisées pour analyser les données –  tous ces éléments ayant un impact direct sur la fiabilité des résultats.

  • Aucune information n'est donnée sur la composition de la nourriture administrée aux rats, sur ses modalités de stockage ou sur  les substances nocives éventuelles – comme les mycotoxines - qu'elle aurait pu contenir.

  •  Il n'est pas possible d'évaluer correctement l'exposition des rats à l'herbicide étant donné que l'apport n'est pas clairement indiqué. Les auteurs font seulement état du niveau d'application de l'herbicide utilisé pour vaporiser les plantes et de la concentration ajoutée à l'eau de boisson des rats, mais ils ne communiquent aucune information détaillée concernant le volume de l'eau ou des aliments consommés.

  • L’étude n’applique pas les méthodes d’analyse statistique couramment utilisées et elle ne précise pas si la méthode a été spécifiée avant le commencement de l'étude. La validité de la méthode utilisée est donc mise en question et il existe également des questions quant au rapport fait sur l'incidence des tumeurs. Des données importantes, telles qu’un résumé des pertes ou une estimation des effets du traitement sans biais ne sont pas communiquées dans l’article.

  • De nombreux facteurs résultants – ce qui est mesuré dans l'étude – n'ont pas été rapportés dans l’article. Cela inclut notamment des informations limitées sur les lésions autres que les tumeurs qui ont été observées. L'EFSA a demandé aux auteurs de communiquer tous les facteurs résultants dans l’intérêt de l'ouverture et de la transparence.

 

Notes aux éditeurs:

L'Autorité a mis sur pied un groupe de travail multidisciplinaire en réponse à une demande urgente de la Commission européenne l’invitant à évaluer l'article de Séralini et al. afin de déterminer si ses résultats pourraient amener l'EFSA à réexaminer son avis précédent sur le maïs NK603. Cette étude sur deux ans, publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology le 19 septembre 2012, suggérait que la consommation de ce maïs GM et d’un herbicide contenant du glyphosate à des niveaux inférieurs aux limites officiellement considérées sûres était liée à une augmentation de l'incidence des tumeurs chez les rats.


 

Lettre ouverte publiée par Independent science news

 

Vendredi 5 octobre 2012

Miniature

Lettre ouverte traduite de l’anglais par Olivier Merbau (olivier.merbau (@) gmail.com). Texte original : http://independentsciencenews.org/health/seralini-and-science-nk603-rat-study-roundup/

Extraite du site : Sciences Citoyennes 

 

Vous pouvez en tant que scientifique demander à ce que votre nom (et votre affiliation si vous le souhaitez) soit ajouté(s) à la liste des signataires (voir plus bas) en écrivant (an anglais) à  isneditor (@) bioscienceresource.org en n’oubliant de mettre « Seralini letter » dans le sujet de votre courriel.

 

Séralini et la science : lettre ouverte

 

Un nouvel article de l’équipe de Gilles-Eric Séralini décrit les effets nocifs sur des rats nourris avec des aliments contenant du maïs génétiquement modifié (variété NK603), avec et sans l’herbicide Roundup, ainsi qu’avec du Roundup seul. Cette étude publiée dans une revue à comité de lecture (Seralini et al., 2012a été critiquée par certains scientifiques dont les propos ont été largement rapportés dans la presse généraliste (Carmen, 2012; Mestel, 2012; Revkin, 2012; Worstall, 2012). Elle renforce les autre études démontrant la toxicité et/ou les effets sur le système endocrinien du Roundup (Gaivão et al., 2012 ; Kelly et al., 2010 ; Romno et al., 2012), comme rapporté par Antoniou et al. (2010). 

 

La publication de Séralini, et l’attention qu’elle a reçue des médias, met en exergue les défis fondamentaux soulevés par la science dans un monde de plus en plus dominé par les influences privées. Ces problèmes sont importants toutes disciplines confondues mais sont rarement soulevés lors de rencontres scientifiques.

  1. Historique des attaques sur les études de risques.

Séralini et ses collègues sont seulement les derniers de la série des chercheurs dont les résultats ont fait l’objet de campagnes orchestrées de harcèlement. A titre d’exemple, simplement en considérant ces dernières années, on peut citer Ignacio Chapela, professeur-assistant non titulaire à Berkeley, dont l’article sur les contaminations par du maïs OGM au Mexique sont à l’origine d’une campagne intensive sur internet pour le discréditer (Quist and Chapela, 2001). D’après certaines sources, cette campagne fut échafaudée par le Bivings Group, une société de communication spécialisée dans le marketing d’influence, dont Monsanto est un des clients fréquents (Delbome, 2008).

 

La carrière éminente du biochimiste Arpad Pusztai arriva à son terme effectif quand il tenta de publier ses découvertes contradictoires sur les pommes de terre génétiquement modifiées (Ewen and Pusztai, 1999a). Tous les moyens furent utilisés, une ordonnance de non-publication le contraignit à retirer ses conclusions, saisit ses données, et la British Royal Society le dénigra pour déjouer ses recherches continues (Ewen and Pusztai , 1999b ; Laidlaw, 2003). On utilise même des menaces de violence physique, récemment contre Andrès Carrasco, Professeur d’embryologie moléculaire à l’université de Buenos Aires, dont les recherches (Paganelli et al. 2010) ont permis d’identifier les risques pour la santé du glyphosate, l’ingrédient actif du Roundup (Amnesty International, 2010).

 

Ce fut donc sans surprise qu’en 2009, 26 spécialistes du maïs franchirent le pas sans précédent d’écrire directement à l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (US E.P.A.) pour se plaindre du contrôle de l’accès aux champs d’OGM à l’encontre des chercheurs imposé par l’industrie. La lettre fut envoyée anonymement (Pollack, 2009).

  1. Le rôle des médias scientifiques.

Un aspect important de cette intimidation mais qui passe souvent inaperçu est qu’elle se déroule souvent de concert avec le concours des médias scientifiques (Ermakova, 2007 ; Heinemann and Traavik, 2007 ; Latham and Wilson, 2007). L’article de Séralini a probablement été commenté par les plus prestigieux titres des médias scientifiques : Science, The New York Times, New Scientist, et le Washington Post, ont unanimement failli à contrebalancer les critiques faites sur sa recherche avec un compte-rendu, ne serait-ce que minime, des soutiens qu’il a eu (Carmen, 2012 ; Enserink, 2012 ; MacKenzie, 2012, Pollack, 2012). Pourtant, des médias moins bien informés, comme le Daily Mail anglais, n’ont semble-t’il pas éprouvé de difficultés à trouver une opinion scientifique positive de la même étude (Poulter, 2012).

  1. Les mensonges des médias.

Le modèle-clé des études de risques est que les voix critiques dans les médias sont souvent des fausses pistes, des tromperies, ou des contre-vérités. Ainsi, l’utilisation de méthodes communes a été épinglée comme étant du travail bâclé quand il s’agit de Séralini et al. (2012) mais pas quand elles sont utilisées par l’industrie (voir les références ci-dessus et le rapport du Science Media Center, 2012). L’usage de l’argument des fausses pistes est symptomatique de la volonté de semer le doute et la confusion auprès des non-experts. Par exemple, Tom Sanders du Kings College de Londres a prétendu que «  cette variété de rats est particulièrement sujette aux tumeurs mammaires, particulièrement quand la nourriture n’est pas rationnée » (Hirschler and Kelland, 2012). Il oublie de signaler, ou il ignore, que la plupart des études nutritionnelles menées par les industriels ont utilisées des rats Sprague-Dawley (par exemple Hammond et al., 1996, 2004, 2006 ; MacKenzie et al., 2007)*. Dans ces études et dans d’autres menées par les industriels (par exemple Malley et al. 2007), la nourriture proposée n’était pas rationnée. Les commentaires de Sanders sont importants parce qu’ils sont largement reproduits et parce qu’il sont une part de la réponse orchestrée contre les travaux de Séralini par le Science Media Centre de la British Royal Insititution. Cet organisme a une longue tradition d’étouffement des controverses à l’encontre des OGM, et de nombreuses sociétés produisant des OGM et des pesticides comptent parmi ses bailleurs de fonds.

* La même variété que celle utilisée par Séralini (NDT)

  1. La culpabilité des organismes publics de régulation.

De notre point de vue, une large part de la faute ultime dans cette controverse revient aux organismes publics de régulation. Ceux-ci, comme l’AESA ( Agence Européenne de Sécurité des Aliments) en Europe, l’EPA (Environmental Protection Agency) et la FDA (Food and Drug Administration) aux USA, ont entériné les protocoles sans se doter de moyens (ou sans beaucoup en octroyer) pour détecter les conséquences des OGM (Schubert, 2002 ; Freese and Schubert, 2004 ; Pelletier, 2005).

 

Les OGM subissent peu d’expérimentations, peu de résultats sont examinés, et les tests sont faits uniquement par les fabricants ou leurs agents. Plus que tout, les protocoles actuels de régulations sont simplistes et basés sur des principes (RSC, 2001) qui éviteront à dessein la plupart des manifestations de mutations des gènes – en dehors de celles voulues – y compris par le processus d’introduction transgénétique (Heinemann et al., 2011 ; Schubert, 2002).

 

Puzstai (2001) et d‘autres ont par conséquent défendus que des essais alimentaires bien conduits étaient un des meilleurs moyens pour détecter de tels effets imprévisibles. Pourtant les tests alimentaires ne sont pas obligatoires pour une approbation réglementaire, et la crédibilité scientifique de ceux qui les ont soutenus a été remise en question (Domingo, 2007 ; Pusztai et al., 2003 ; Spiroux de Vendômois et al., 2009). Par exemple, Snell et al. (2012), qui ont évalués la qualité de 12 essais à longs termes (> 96 jours), et 12 études multigénérationnelles, ont conclu : « Les études menés ici sont souvent liées à un schéma expérimental insuffisant dont les effets s’exercent au détriment de l’analyse statistique… les insuffisances majeures n’incluent pas seulement le manque d’utilisation de lignées isogéniques, mais aussi une sous-estimation statistique [et], l’absence de redondances… ».

 

Apparemment, les mêmes problèmes de schéma expérimental et d’analyse soulevés par cette étude de recherche de risques (celle de Séralini) n’intéressaient pas les critiques du moment que les études n’identifiaient pas de risques, pour les responsables informés des maladies potentielles. A la fin, c’est un des problèmes majeurs de la science et de la société, quand les protocoles actuels réglementaires approuvent la récolte d’OGM en se basant sur des données si limitées qu’elles en sont sans intérêt suffisant pour une estimation satisfaisante.

  1. Science et politique.

Les gouvernants ont pris l’habitude d’utiliser la science pour botter en touche. Par exemple, dans une étude conduite par la Royal Society of Canada à la demande du gouvernement canadien, de nombreuses faiblesses de la réglementation sur les OGM au Canada ont été relevées (RSC, 2001). L’incapacité du gouvernement canadien à répondre de manière significative aux nombreux changements recommandés a été détaillée par Andree (2006). De même, les recommandations et expertises du rapport international de l’IAASTD** rendues par 400 chercheurs après 6 années, que les OGM étaient incapables de faire progresser globalement l’agriculture, ont été résolument ignorées par les politiques. Ainsi, pendant qu’ils proclament ne prendre de décision que sur la base d’évidences irréfutables, les gouvernants utilisent la science uniquement quand cela leur est utile.

** International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development (NDT)

  1. Conclusion.

Quand ceux qui ont un intérêt si direct sèment un doute déraisonnable à propos des résultats gênants, ou quand les gouvernants exploitent des opportunités politiques en sélectionnant et choisissant en dépit des évidences scientifiques, ils mettent en péril la confiance du public dans les méthodes scientifiques et dans les institutions, et poussent leurs concitoyens au risque. Les tests de sécurité, la réglementation basée sur des sources scientifiques, et le processus scientifique lui-même, dépendent de manière cruciale de l’étendue de la confiance qu’on a dans le corps des chercheurs dévoués à l’intérêt commun, et dans leur intégrité professionnelle. Si au contraire, le point de départ de l’estimation scientifique d’un produit est un processus d’approbation dirigé en faveur de son développeur, renforcé par une suppression systématique des recherches indépendantes travaillant dans l’intérêt général, alors il ne pourra jamais y avoir un débat scientifique honnête et rationnel.

 

Notes

  1. En outre, les scientifiques américains qui publient des études montrant les effets adverses sur l’environnement sont fréquemment et violemment attaqués par les autres scientifiques pro-OGM. Comme le montre un article dans la revue Nature, qui en donne de nombreux exemples, « les articles qui suggèrent que les récoltes de produits biotechnologiques pourraient faire du mal à l’environnement s’attirent les foudres de propos abusifs des autres scientifiques. Derrière ces attaques sont des scientifiques qui sont déterminés à s’opposer aux articles qu’ils considèrent avoir des formes scientifiques susceptibles d’influencer les politiques. Quand un article survient dans lequel ils perçoivent un problème, ils réagissent immédiatement, critiquent le travail effectué dans des forums publics, écrivent des lettres de réfutation, et les envoient aux politiciens, aux organismes de financement, et aux éditorialistes des journaux » (pg. 27 de Waltz. 2009a). En réalité, quand l’un d’entre nous a écrit un commentaire dans Nature Biotechnology il y a dix ans, suggérant qu’on devrait prêter plus attention aux possibles effets indésirables associés à l’insertion de la mutagénèse, nous avons été inondés de réponses, et un administrateur du Salk Insitute a même dit que cette publication « mettait en péril les financements de son institution » (voir Waltz, 2009a). Des attaques similaires ont eu lieu sur les effets adverses des toxines BT sur les coccinelles et les larves des chrysopes vertes, qui étaient utilisées par les autorités allemandes pour interdire la culture du maïs Monsanto 810, une variété de maïs dans laquelle elles sont implantées (voir Hilbeck et al. 2012a, b, respectivement). En 2009, un groupe de 26 entomologistes du secteur public travaillant sur le maïs envoya une lettre à l’Agence de Protection de l’Environnement américaine qui disait « aucune recherche indépendante réelle ne peut être conduite légalement sur beaucoup de points critiques impliquant ces récoltes [à cause des restrictions imposées par les fabricants] » (pg. 880 de Walz, 2009b) ; il n’est pas surprenant que la lettre ait été envoyée anonymement, les scientifiques craignant des représailles des compagnies sur lesquelles avaient porté leur travaux (Pollack, 2009). Par-dessus tout, que l’industrie contrôle quelles recherches peuvent être menées aux USA signifie que des recherches contradictoires peuvent effectivement être supprimées. Dans un des exemples cités par cet article, Pioneer était en train de développer une toxine binaire BT, nommée Cry34Abl/Cry35Abl, contre le chrysomèle des racines du maïs. En 2001, Pioneer contractualisa avec quelques laboratoires d’universités pour tester les effets indésirables sur les coccinelles femelles. Les laboratoires conclurent que 100% des animaux mourraient après huit jours d’alimentation. Pioneer interdit aux chercheurs de publier cette donnée. Deux ans plus tard, Pioneer reçut une autorisation pour une variété de maïs modifié au BT avec du Cry34Abl/Cry35Abl et soumit les études montrant que les femelles coccinelles n’avaient pas de mal après sept jours. Les scientifiques ne furent pas autorisés à rééditer leurs études après que la récolte soit commercialisée (Waltz, 2009b). Dans un autre exemple, Dow Agro Science menaça un chercheur d’une action en justice s’il publiait une information qu’il avait reçu de l’Agence de Protection de l’Environnement américaine. Comme le relate l’article, « l’information concernait une variété de maïs résistant aux insectes connue sous le nom de TC1507, fabriquée par Dow et Pioneer. Les compagnies suspendirent les ventes de TC1507 à Porto-Rico après la découverte en 2006 qu’un parasite avait développé une résistance à cette variété. Tabashnik put examiner le rapport que la compagnie avait remplie avec l’Agence en soumettant une requête en liberté de l’information. « J’encourageais un employé de la compagnie [Dow] à publier les données, et mentionnais que, de manière alternative, je pourrais citer l’information », dit Tabashnik. « Il me répondit que si je citais l’information, je serais l’objet d’une action en justice de la compagnie ». « Ces comportements donnent froid dans le dos » (pg. 882 de Waltz, 2009b).

Les auteurs:

Susan Bardocz (4, Arato Street, Budapest, 1121 Hungary) ; Ann Clark (University of Guelph, ret.) ; Stanley Ewen (Consultant Histopathologist, Grampian University Hospital) ; Michael Hansen (Consumers Union) ; Jack Heinemann (University of Canterbury) ; Jonathan Latham (The Bioscience Resource Project) ; Arpad Pusztai (4, Arato Street, Budapest, 1121 Hungary); David Schubert (The Salk Institute) ; Allison Wilson (The Bioscience Resource Project)

 

 Les premiers signataires :

Brian Wynne (Professor of Science Studies, UK Economic and Social Research Council (ESRC) Centre for Economic and Social Aspects of Genomics, Cesagen, Lancaster University); Irina Ermakova, Dr of Biology, Russian Academy of Sciences; Jo Cummins (Professor Emeritus University of Western Ontario); Michael Antoniou, (Reader in Molecular Genetics; his university (King’s College, London) has a policy not to allow Dr Antoniou to use his affiliation here); Philip L. Bereano (Professor Emeritus University of Washington & Washington Biotechnology Action Council); Dr P M Bhargava (Former and Founder Director, Centre for Cellular & Molecular Biology, Government of India); Carlo Leifert (Professor for Ecological Agriculture Newcastle University); Peter Romilly (formerly University of Abertay, Dundee); Robert Vint (FRSA); Dr Brian John (Durham University, UK, retired); Professor C. Vyvyan Howard, University of Ulster); Diederick Sprangers (Genethics Foundation); Mariam Mayet (African Centre for Biosafety, South Africa);  Eva Novotny (ret. University of Cambridge); Ineke Buskens (Research for the Future); Hector Valenzuela (Professor, University of Hawaii); Ronald Nigh, (Centro de Investigaciones y Estudio Superiores en Antropología Social, Chiapas, Mexico); Marcia Ishii-Eiteman (PhD, Senior Scientist, Pesticide Action Network North America); Naomi Salmon (Dept. of Law, Aberystwyth University, Wales); Michael W, Fox (Minnesota, Veterinarian & Bioethicist, PhD, MRCVS); Neil J. Carman (PhD Sierra Club); Vandana Shiva (India); Hans Herren (President, Millennium Institute, Washington DC, USA); John Fagan (PhD Earth Open Source, UK and USA); Sheila Berry and the Global Environmental Trust; Av Singh (PhD, Perennia); Laurel Hopwood (for the Sierra Club, USA); Philip H. Howard (Associate Professor of Community, Food and Agriculture, Michigan State University); Donald B. Clark (on behalf of Cumberland Countians for Peace & Justice and Network for Environmental & Economic Responsibility, United Church of Christ, Pleasant Hill, TN); Robert Mann (Senior Lecturer in Biochemistry & in Environmental Studies (rtd) University of Auckland, NZ); Chris Williams (PhD, FRSA, University of London); Mae-Wan Ho (PhD Director Institute of Science in Society); Peter Saunders (Prof. Emeritus of Applied Mathematics, King’s College London); Dr. Terje Traavik (Prof. Gene Ecology, Faculty of Health Sciences, University of Tromsö); Oscar B. Zamora (Prof. Crop Science University of the Philippines Los Banos College, Philippines); Adrian Gibbs (Prof. (ret.) Canberra, Australia); Christian Vélot (Senior Lecturer in Molecular Genetics, University Paris-Sud, France); André Cicolella (Scientific adviser INERIS (National Institute of Industrial Environment and Risk) France); Maurizio Pea (Bussolengo General Hospital and University of Verona, Italy) Xiulin Gu (PhD, Yunnan University of Finance and Economics, P.R.China); Brigitta Kurenbach (PhD,University of Canterbury, NZ); Elena Alvarez-Buylla (Instituto de Ecología, CU, Coyoacán, México); Elizabeth Cullen (MB, Ph.D, MD and environmental scientist); Claudia Chaufan, MD, PhD (University of California San Francisco);Marijan Jost (Prof., Croatia); Manuel Ruiz Perez (Dpto. Ecologia, Universidad Autonoma de Madrid-Spain); Rubens Onofre Nodari (Full Professor, Federal University of Santa Catarina Florianópolis, Brazil); Judy Carman (Institute of Health and Environmental Research Inc., Kensington Park, Australia); Florianne Koechlin PhD (Blueridge Institute, Switzerland); Richard Lasker (for Brabant Research, Inc., BioInformatix, Inc., Puget Environmental Group, Inc.);  Anita Idel (Dr. med. vet. Mediatorin (MAB) Germany).

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Réaction de Chantal Jouanno, ex secrétaire d'État à l'Écologie

 

Après la publication des résultats de l'étude sur la toxicité des OGM dans "Le Nouvel Observateur" du 20 septembre, l'ex secrétaire d'État à l'Écologie Chantal Jouanno réagit.

 

"Je me souviens encore de la visite menaçante du vice-président de Monsanto dans mon bureau à l'Elysée", confie Chantal Jouanno, sénatrice UMP de Paris. A la suite de la publication par le "Nouvel Observateur" daté du 20 septembre des résultats d'une étude choc sur la toxicité des OGM, la première qui porte sur la vie entière de rats nourris aux OGM (sur plus de deux ans donc), l'ancienne Secrétaire d'État en charge de l'Ecologie dans le gouvernement de François Fillon, qui était auparavant collaboratrice de Nicolas Sarkozy, réagit. Entre convictions personnelles et positions de l'UMP, exercice délicat. 

Votre sentiment sur cette étude ?

- Vous savez, j’appartiens à une formation politique qui est favorable au progrès et à la science. Mais pour moi cette étude confirme le sentiment que j’ai depuis longtemps : il convient d’appliquer un vrai principe de prudence concernant ces plantes OGM. Nous n’avons pas suffisamment de recul sur ses effets. D’autant que, à ce jour, les OGM agricoles ne représentent à mes yeux aucun avantage réel pour l’agriculture et la planète. Les gains sont en revanche considérables pour les agro-semenciers.

Ce fut votre ligne de conduite quand vous étiez aux affaires ?

- Oui, rappelez vous que nous avons été les premiers en Europe à défendre la clause de sauvegarde à un moment où nous étions très seuls et où la Commission de Bruxelles pesait de tout son poids pour faire autoriser la culture OGM partout en Europe. C’est tout de même grâce à nous que les autres grands pays européens ont basculé dans une attitude de prudence. Il est vrai qu’en 2007, lorsque je plaidais pour cette prudence, beaucoup me disaient que là était le progrès.

Vous aviez eu une expérience désagréable quand vous étiez à l’Elysée ?

- Oui, c’était en 2007. Le Vice-Président de Monsanto était venu me voir dans mon bureau à propos de la clause de sauvegarde. J’avais été stupéfaite du ton menaçant qu’il avait employé. Quand on est sûr de son produit, on répond aux objections et on agit pas de cette manière.

Pour justifier le moratoire, le gouvernement, récemment encore, mettait en avant les seuls risques environnementaux…

- Cette fois, ce sont en plus les effets sanitaires que l’on redoutait qui apparaissent. Cette alerte doit être ajouté à toutes les autres sur les perturbateurs endocriniens. Et à ces nombreuses molécules de synthèse qui fragilisent notre organisme.

Sur l’agriculture française elle même, comment voyez-vous les conséquences …

- Vous savez que les protéines végétales qui permettent d’alimenter notre bétail où nos volailles sont majoritairement importées. 60 à 70 % des soja importés sont OGM. Or nous avons des plantes poussant naturellement en France et en Europe produisant ces protéines nécessaires au bétail. Il faut les cultiver en proportion beaucoup plus grande. D’autant plus que ces plantes (les féveroles notamment) sont très bénéfiques pour les écosystèmes. 

Quel devrait être selon vous la décision immédiate du gouvernement ?

- Avant tout, je crois qu’il faudrait soumettre sans tarder l’étude de Gilles-Eric Séralini à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), pour avoir son avis. L’Anses est une agence sanitaire de très haute qualité qui offre toutes les garanties pour une étude contradictoire.

 

Propos recueillis par Guillaume Malaurie, le 19 septembre 2012. 

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Réactions de Guillaume Malaurie, chroniqueur environnemental au Nouvel Obs

     

LES OGM vus de Bruxelles : circulez, il n'y a rien à voir !

 

La note publiée par l’Efsa (l'agence de sécurité alimentaire européenne) estime l’étude publiée par Gilles Eric Séralini comme "de qualité scientifique insuffisante  pour être considérée comme valable pour l'évaluation des risques". Mieux : l’Efsa "ne voit pas la nécessité de réexaminer sa précédente évaluation de l'innocuité du maïs NK603, ni tenir compte de ses conclusions dans l'évaluation du  glyphosate".


Clair, net  et sans curiosité excessive. Les rats de Séralini sont donc morts en excellente santé. Dans le genre bulle papale et excommunication, il est difficile de mieux fermer le ban . Les arguments sont pourtant les mêmes que ceux évoqués ces deux dernières semaines par les détracteurs de l’équipe de Caen.

 

Les rats choisis, disent-ils, sont connus pour être sensibles au développement de tumeurs. Un constat que Gilles-Eric Séralini n’a jamais nié. S’il a pris ces rats, c’est d’abord, dit-il, parce qu’ils sont standards dans ce type de recherche et que c’est précisément cette même race qu’utilise Monsanto pour son étude à 90 jours sur un maïs OGM.


Un écart qui laisse l'Efsa mutique

Mais  ce qui fait tout l'intérêt de son étude, c’est le fait que les rats nourris aux maïs OGM déclenchent les tumeurs et les affections du rein et du foie très tôt (une explosion vers les 12e et 13e mois) alors que les rats non traités ne déclencheront en moyenne  des tumeurs qu'en fin de  vie. Soit dix mois plus tard. Or ce sont des rats issus de la même espèce. Sauf que les uns ont été nourris au maïs OGM le plus souvent traité au Roundup et les autres non.

 

Une différence de dix mois chez le rat, vulnérable ou non aux tumeurs,  c'est un écart de 40 à 45 ans chez l'Homme. C’est cet écart qui est bien évidemment significatif et qui fait débat. C'est cet écart qui est glaçant. Et qui semble laisser étrangement mutique l’Efsa.


Un nombre de rats équivalent à celui utilisé par Monsanto

L’autre argument, c’est le nombre  insuffisant de rats. Selon "le protocole OCDE", il en faudrait 50 par groupe et non 20. C’est exact. Sauf que "le protocole OCDE" n’en recommande  50 par groupe que lorsqu’il s’agit d’une étude de "cancérogénèse". Or l’étude de Séralini ne portait  pas sur la  cancérogenèse mais  sur la toxicologie.  Nuance de taille, mais zappée par l'EFSA ....

 

Une précision qui est pourtant tout à fait limpide dans l'intitulé même de la recherche de Séralini. Celui-ci n’imaginait d’ailleurs pas cette explosion de tumeurs. Et pensait plutôt que se produiraient des affections aux niveau des reins et du foie.


Le nombre de rats, qu’il souhaitait plus important, est  enfin équivalent à celui utilisé  par Monsanto dans ses propres études sur les animaux. Des études qui, à l'époque,  ne faisaient pas sourciller l’Efsa.

 

Au moins pouvait-on espérer que l'agence, après avoir "excommunié" Séralini  sans l’entendre, exprime le souhait de diligenter des études de type "vie entière"  avec autant de rats qu'elle le souhaite. Qui le lui interdit ? Pourquoi n’est-ce pas même envisagé ?  Pourquoi d'ailleurs ce ne fut jamais envisagé ? Mystère. Mais c'est comme ça et pas autrement.  


Oui, pourquoi pas un traître mot sur cette éventualité ? Aucun doute ne semble effleurer cette agence, qui s’est pourtant fait étriller récemment pour des conflits d’intérêt sur les OGM mis au jour en son sein. Et jusqu’au niveau de sa présidente qui fut contrainte de démissionner.


Exit les doutes

Force est de constster que l'Efsa fait  preuve  d’un esprit de fermeture inquiétant. Comme si une certitude scientifique  se devait d’être intangible et ne jamais se confronter à l’expérience. L’agence  accrédite en outre l’idée que son souci majeur est de continuer à avoir raison et non d’explorer les doutes nouveaux qui surgissent pour les invalider ou les valider de telle manière que  la sécurité alimentaire des Européens dont elle a la charge soit garantie.  


Donc : exit les doutes ! Exit les recherches qui ne sont pas raccord. Et tant pis pour les consommateurs qui ne savent plus à quel saint se vouer.


Les craintes d'une grande majorité d'Européens concernant les OGM semblent sans intérêt aux yeux de l'Efsa et de la Commission. Des craintes qui ne valent pas en tous cas  le petit effort  que seraient  les expérimentations animales "vie entière" permettant de refonder ou non une confiance. Comme il est d'usage pour tester  les médicaments. Ou  les pesticides. 


Au lieu de ça, l'Efsa semble nous dire : tous des obscurantistes, ces Européens !  Des chochottes ! Nos experts ont dit OK. Une fois pour toute. Et puis le business c'est le business. Bienvenue en Eurocratie !

 

Guillaume Malaurie - 4 octobre 2012

 

OGM : l'agence européenne aux doubles casquettes


Pour rédiger son préavis sur l'étude de Gilles-Eric Séralini sur le maïs NK 603, l'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa), avait montré patte blanche : elle assurait que les rédacteurs n'étaient pas membres du "panel" (le groupe scientifique) qui avait autorisé la mise sur le marché de ce même NK 603.

Logique : être juge et partie rendait ipso facto l'avis suspect. Comment en effet se déjuger sur ce qu'on a déjà jugé ? Sauf qu'une fois de plus, l'Efsa se prend les pieds dans la déontologie.

Explication :

L'un des deux scientifiques consultés ("peer reviewers" (1)) pour rédiger le préavis assassin de l'Efsa sur la recherche de Gilles-Eric Séralini le 3 octobre dernier est le britannique Andrew Chesson.

Or c'est le même Andrew Chesson qui, avec Gijs Kleter, avait préparé le brouillon d'avis (draft) sur lequel le panel de l'Efsa avait voté positivement le 25 novembre 2003. Et qui concluait à l'autorisation de mise sur le marché du maïs NK 603hantal Jouanno ex secrétaire.

Andrew Chesson était en effet remercié en toute fin de l'avis favorable de novembre 2003 en ces termes : "Le groupe scientifique sur les organismes génétiquement modifiés tient à remercier Andrew Chesson et Kleter Gijs pour leur contribution au projet d'avis."

Ainsi le même expert qui prépare l'argumentaire de l'Avis en faveur du feu vert à la commercialisation du NK 603 est précisément le conseil scientifique, le Pair, de ceux qui doivent se prononcer sur l'étude qui met en évidence sa toxicité !

Après les conflits d'intérêt qui ont affaibli considérablement l'autorité de l'Efsa, voilà le temps des faux nez, du cache-cache et des mensonges par omission.

Ça fait beaucoup pour un organisme qui a en charge la santé de 300 millions d'Européens. Et dont on attendrait une conduite et des procédures au-dessus de tout soupçon.

Guillaume Malaurie - 6 octobre 2012

 

Nota : HENDAYENVIRONNEMENT a contacté l'Efsa par mail le le 11 octobre afin de poser à cette autorité européenne une question se rapportant à l'intervention de Guillaume Malaurie ci-dessus titrée "OGM : l'agence européenne aux doubles casquettes". 
 

Question : Bonjour, Comment pourriez-vous réfuter les affirmations avancées par ce  journaliste du Nouvel Observateur qui semble ne pas vous accorder un statut d'entière indépendance scientifique ?

 

Voici, en date du 17 octobre, la réponse de l'Efsa qui élude la question posée, se contentant d'une réponse standardisée :

Cher Monsieur,

Nous vous remercions pour votre courriel et pour l’intérêt que vous témoignez à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Le rôle de l’EFSA est de fournir des avis scientifiques indépendants sur des questions liées à la sécurité de l’alimentation humaine et animale. Les évaluations des risques conduites par l’EFSA permettent aux gestionnaires des risques – la Commission européenne, le Parlement européen et les États membres de l’UE – de se baser sur des fondements scientifiques solides pour les aider à prendre les décisions réglementaires ou législatives requises pour assurer la sécurité de l’alimentation pour tous les citoyens européens. Les décideurs peuvent aussi tenir compte d’autres critères (par exemple socio-économiques) lorsqu’ils prennent une décision ; c’est la raison pour laquelle nous vous conseillons de vous adresser directement à eux si vous avez des questions à ce sujet.

En ce qui concerne l’étude par Séralini et al. à laquelle vous faites référence, l’EFSA a reçu, le 26 septembre 2012, une requête officielle de la Commission européenne qui contenait un certain nombre d’éléments sur lesquels la Commission lui a demandé de se pencher : réaliser une évaluation scientifique de l’article, solliciter toute clarification nécessaire auprès des auteurs de l’article et examiner si l’article contenait des éléments scientifiques qui pourraient amener l’EFSA à reconsidérer les évaluations précédentes réalisées sur la sécurité du maïs génétiquement modifié (GM) NK603.

Dans son évaluation initiale, l’EFSA a conclu que l’article de Séralini et al. était d’une qualité scientifique insuffisante pour être considéré comme valide dans le cadre de l’évaluation des risques. Elle a également estimé que la conception, le système de rapport des données et d’analyse de l’étude, tels que présentés dans l’article, étaient inadéquats. L'EFSA a invité les auteurs Séralini et al. à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d’acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude. Si ces informations lui sont communiquées, elles contribueront à la seconde étape du processus d’évaluation par l’EFSA dont les résultats seront publiés dans les semaines à venir.

Nous vous invitons à consulter le lien ci-après pour obtenir de plus amples informations sur l’évaluation initiale de l’EFSA et ses résultats :  http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/121004.htm

Dans le cadre de la mise sur le marché d’OGM dont le champ d’application inclut l’alimentation humaine et animale, l’EFSA réalise une évaluation des risques conformément à la directive 2001/18/CE et au règlement CE 1829/2003. À la fin du processus d’évaluation, un avis scientifique  est adopté et communiqué à la Commission européenne. Après la publication de l’avis par l’EFSA, c’est à la Commission européenne et aux États membres de l’Union européenne que revient la responsabilité de décider s’ils autorisent ou non l’OGM en question.

En 2009, le groupe scientifique de l’EFSA sur les organismes génétiquement modifiés (groupe GMO) a réalisé l’évaluation de la sécurité associée à une demande d’autorisation pour la culture, l’importation et la transformation du maïs génétiquement modifié NK603 – le maïs utilisé dans l’étude de Séralini et al. Le groupe GMO de l’EFSA a conclu que le maïs NK603 était aussi sûr que son équivalent traditionnel (non GM) en ce qui concerne les effets directs potentiels sur la santé de l’homme et de l’animal, et sur l’environnement.

Veuillez recevoir, monsieur, nos salutations distinguées.

Le Service Ask EFSA

European Food Safety Authority

Via Carlo Magno 1A, 43126 Parme, Italie

www.efsa.europa.eu/fr/contact/askefsa.htm  

____________________________________________

Dear recipient, this message is sent from a no-reply mailbox. Please do not reply to this message, as emails received to this email address are not processed. If you have a question for EFSA, please send it using the Ask EFSA service.

 

 

 

 

 

 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 15:01

 

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                                                             Le maïs transgénique NK603 mis en cause

                                                                        par une étude du prof. Séralini

 

 

 

HENDAYENVIRONNEMENT a contacté l'Efsa par mail le 11 octobre afin de poser à cette autorité européenne une question qui découle de l'intervention de Guillaume Malaurie (journaliste au Nouvel Observateur) que nous rapportons ci-après.

 

OGM : l'agence européenne aux doubles casquettes


Pour rédiger son préavis sur l'étude de Gilles-Eric Séralini sur le maïs NK 603, l'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa), avait montré patte blanche : elle assurait que les rédacteurs n'étaient pas membres du "panel" (le groupe scientifique) qui avait autorisé la mise sur le marché de ce même NK 603.

Logique : être juge et partie rendait ipso facto l'avis suspect. Comment en effet se déjuger sur ce qu'on a déjà jugé ? Sauf qu'une fois de plus, l'Efsa se prend les pieds dans la déontologie.

Explication :

L'un des deux scientifiques consultés ("peer reviewers" (1)) pour rédiger le préavis assassin de l'Efsa sur la recherche de Gilles-Eric Séralini le 3 octobre dernier est le britannique Andrew Chesson.

Or c'est le même Andrew Chesson qui, avec Gijs Kleter, avait préparé le brouillon d'avis (draft) sur lequel le panel de l'Efsa avait voté positivement le 25 novembre 2003. Et qui concluait à l'autorisation de mise sur le marché du maïs NK 603hantal Jouanno ex secrétaire.

Andrew Chesson était en effet remercié en toute fin de l'avis favorable de novembre 2003 en ces termes : "Le groupe scientifique sur les organismes génétiquement modifiés tient à remercier Andrew Chesson et Kleter Gijs pour leur contribution au projet d'avis."

Ainsi le même expert qui prépare l'argumentaire de l'Avis en faveur du feu vert à la commercialisation du NK 603 est précisément le conseil scientifique, le Pair, de ceux qui doivent se prononcer sur l'étude qui met en évidence sa toxicité !

Après les conflits d'intérêt qui ont affaibli considérablement l'autorité de l'Efsa, voilà le temps des faux nez, du cache-cache et des mensonges par omission.

Ça fait beaucoup pour un organisme qui a en charge la santé de 300 millions d'Européens. Et dont on attendrait une conduite et des procédures au-dessus de tout soupçon.

Guillaume Malaurie - 6 octobre 2012

 

 

Question posée à l'Efsa par HENDAYENVIRONNEMENT  

 

Bonjour, Comment pourriez-vous réfuter les affirmations avancées par ce journaliste du Nouvel Observateur qui semble ne pas vous accorder un statut d'entière indépendance scientifique ?

 

Voici, en date du 17 octobre,  la réponse de l'Efsa qui élude la question posée, se contentant d'un texte standardisé :

Cher Monsieur ...... ,


Nous vous remercions pour votre courriel et pour l’intérêt que vous témoignez à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).


Le rôle de l’EFSA est de fournir des avis scientifiques indépendants sur des questions liées à la sécurité de l’alimentation humaine et animale. Les évaluations des risques conduites par l’EFSA permettent aux gestionnaires des risques – la Commission européenne, le Parlement européen et les États membres de l’UE – de se baser sur des fondements scientifiques solides pour les aider à prendre les décisions réglementaires ou législatives requises pour assurer la sécurité de l’alimentation pour tous les citoyens européens. Les décideurs peuvent aussi tenir compte d’autres critères (par exemple socio-économiques) lorsqu’ils prennent une décision ; c’est la raison pour laquelle nous vous conseillons de vous adresser directement à eux si vous avez des questions à ce sujet.


En ce qui concerne l’étude par Séralini et al. à laquelle vous faites référence, l’EFSA a reçu, le 26 septembre 2012, une requête officielle de la Commission européenne qui contenait un certain nombre d’éléments sur lesquels la Commission lui a demandé de se pencher : réaliser une évaluation scientifique de l’article, solliciter toute clarification nécessaire auprès des auteurs de l’article et examiner si l’article contenait des éléments scientifiques qui pourraient amener l’EFSA à reconsidérer les évaluations précédentes réalisées sur la sécurité du maïs génétiquement modifié (GM) NK603.


Dans son évaluation initiale, l’EFSA a conclu que l’article de Séralini et al. était d’une qualité scientifique insuffisante pour être considéré comme valide dans le cadre de l’évaluation des risques. Elle a également estimé que la conception, le système de rapport des données et d’analyse de l’étude, tels que présentés dans l’article, étaient inadéquats. L'EFSA a invité les auteurs Séralini et al. à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d’acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude. Si ces informations lui sont communiquées, elles contribueront à la seconde étape du processus d’évaluation par l’EFSA dont les résultats seront publiés dans les semaines à venir.


Nous vous invitons à consulter le lien ci-après pour obtenir de plus amples informations sur l’évaluation initiale de l’EFSA et ses résultats :  http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/121004.htm


Dans le cadre de la mise sur le marché d’OGM dont le champ d’application inclut l’alimentation humaine et animale, l’EFSA réalise une évaluation des risques conformément à la directive 2001/18/CE et au règlement CE 1829/2003. À la fin du processus d’évaluation, un avis scientifique  est adopté et communiqué à la Commission européenne. Après la publication de l’avis par l’EFSA, c’est à la Commission européenne et aux États membres de l’Union européenne que revient la responsabilité de décider s’ils autorisent ou non l’OGM en question.


En 2009, le groupe scientifique de l’EFSA sur les organismes génétiquement modifiés (groupe GMO) a réalisé l’évaluation de la sécurité associée à une demande d’autorisation pour la culture, l’importation et la transformation du maïs génétiquement modifié NK603 – le maïs utilisé dans l’étude de Séralini et al. Le groupe GMO de l’EFSA a conclu que le maïs NK603 était aussi sûr que son équivalent traditionnel (non GM) en ce qui concerne les effets directs potentiels sur la santé de l’homme et de l’animal, et sur l’environnement.


Veuillez recevoir, Monsieur, nos salutations distinguées.

Le Service Ask EFSA


European Food Safety Authority


Via Carlo Magno 1A, 43126 Parme, Italie


www.efsa.europa.eu/fr/contact/askefsa.htm  

____________________________________________

Dear recipient, this message is sent from a no-reply mailbox. Please do not reply to this message, as emails received to this email address are not processed. If you have a question for EFSA, please send it using the Ask EFSA service.

 


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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 11:19

 

PÉTITION


Semences.jpg

                                          La biodiversité est un des gages de notre survie sur cette terre.

 

 

              Cette lettre-pétition sera remise à : François Hollande Président de la République française

 

François Hollande: Faire annuler la condamnation de Kokopelli
  par jef delquignies  Lille, France

 

Kokopelli est une association à but non lucratif, fondée en 1999 qui maintient une collection planétaire unique, de plus de 2 200 variétés de plantes potagères, céréalières, médicinales, condimentaires, ornementales et une gamme de variétés très peu cultivées, peu connues, voire en voie de disparition. Elle place son action dans l’objectif solidaire de développer des projets d’aide envers les communautés démunies (183 en 2011). Kokopeli est attaquée aujourd'hui par un grainetier, Graines Baumaux.

 

Cette Société par actions simplifiée au capital de 1 000 000 d’euros, dont le chiffre d’affaires 2011 s’élève à hauteur de 13 952 923 € et le bénéfice 2010 à hauteur de 2 005 251 €, commercialise 2 835 variétés de graines potagères, florales, aromatiques, médicinales, fourragères et dites engrais verts. 

 

Le Tribunal de Grande Instance de Nancy et la Cour de Justice de l’Union Européenne ont condamné l’association Kokopelli, pour concurrence déloyale vis-à-vis de l’entreprise Graines Baumaux, à verser 100 000 € de dommages-intérêts à Graines Baumaux, ce qui pourrait la forcer à cesser ou modifier ses activités. 

 

Il est donc demandé au Président de la République, François Hollande, la traduction du Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Agriculture et l’Alimentation (TIRPAA) dans notre législation nationale. Ce Traité, voté par la France en 2002 et approuvé nationalement en 2005, reconnaît aux agriculteurs et aux jardiniers le droit de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences ou le matériel de multiplication reproduits à la ferme sur son territoire. Il reconnaît la contribution des agriculteurs à la conservation de la biodiversité et stipule que rien ne peut entraver leurs droits de conserver, ressemer, échanger et vendre leurs semences reproduites à la ferme. 

 

Il est de plus réclamé de faire respecter l’autorisation d’approbation du TIRPAA votée en 2005, en interdisant tout droit de propriété intellectuelle sur le vivant et en limitant les normes commerciales et les droits des obtenteurs là où commencent ceux des agriculteurs, et l’abrogation de la Loi du 28 novembre 2011 relative aux certificats d’obtention végétale. 


Textes repris de la lettre de Monsieur René Balme, Maire de Grigny au Président de la République 

 

                                                Bientôt 100 000 signatures !

 

Pour signer la lettre-pétition : 

http://sn131w.snt131.mail.live.com/default.aspx#!/mail/InboxLight.aspx?n=1773834531!n=505359800&fid=1&fav=1&mid=6b0ab411-1bb9-11e2-a42b-00237de3f57c&fv=1

 

Merci à toutes les personnes qui ont déjà signé... Pouvouns-nous faire mieux avant d'aller déposer cette pétition à l'Elysée, au Parlement Européen et d'en informer la presse ? Je commence à le penser sérieusement ; cette pétition, née d'un coup de colère isolé, nous fait prendre la mesure de la force de l'action collective... Et des responsabilités auxquelles elle nous confronte. C'est à nous d'agir directement. Merci de partager largement ces informations et de vous impliquer.

 

Jef Delquignies

Organisateur de la pétition

 

Pour en savoir plus :
http://www.legrandsoir.info/condamnation-de-kokopelli-rene-balme-s-adresse-a-francois-hollande.html 

http://www.semencespaysannes.org/condamnation_kokopelli_etat_condamne_qui_hono_115-actu_36.php 

http://kokopelli-semences.fr/juridique/proces_perdu_2012

 

 

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 17:07

 

cartel-jornadas-economicas

 

                    LA CRISE QUE PERSONNE NE COMPREND

 

Ce que les médias traditionnels ne nous disent pas et dont nous avons besoin pour lutter contre la crise.

 

Journées sur l'économie conduites par Jesús Burguera et organisées par notre Association et la Société Irungo Atsegina.

Au cours de ces rencontres, Jesús Burguera présentera les changements qui sont en train de bouleverser l´économie globale. Au cours des débats seront abordées les questions posées par les auditeurs, et il y aura aussi un temps pour traiter les nouvelles économiques de la semaine.

 

Jesús Burguera (Donostia-San Sebastian, 1954) a vécu et travaillé à Donostia, Madrid, Lausane et Paris. Il est un économiste spécialisé dans les marchés financiers, dans lesquels il a travaillé ces derniers vingt ans. Il a écrit plusieurs travaux sur la bourse, les finances, les cycles économiques et la crise.

 

Dates: les 4, 10, 17 et 24 Octobre

Lieu: Sociedad Irungo Atsegina (Irun)

Heure: 19:30 h à 21:30 h

 

Une demi-heure avant le début de la conférence, Jésus Burguera prendra personnellement contatct avec le public qui souhaitera poser des questions.

Si vous avez dès maintenant des questions à poser à Jésus Burguera, prière alors de remplir le formulaire ci-dessous. 

 

PROGRAMME

 

1-Les banques et le pouvoir économique (le jeudi 4 Octobre)

Le rôle des banques dans le système. Comment l’argent est “crée”. Le Crédit. Comment lire le bilan d´une banque. Le rôle des Banques Centrales. Les Caisses d´Epargne…Bankia et les autres.

Les grandes banques aux Etats Unis (Wall Street). Le pouvoir global: comment quelques sociétés (et banques) contrôlent le Monde.

 

2-Les marches financiers. (le mercredi 10 Octobre)

Les quatre principaux marchés: les actions, la dette, les devises et les dérivés. Leurs caractéristiques et leur fonctionnement. Qui dirige et côntrole ces marchés?. La prime de risque. Les possibilités d'un “crash”. Les mouvements d'argent au plan global. Les agences de “rating”.

3-La crise. (le mercredi 17 Octobre)

Comment sommes nous arrivés à cette situation? Quelles sont les causes réelles?

S´agit-il d´une crise mondiale liée aux grands cycles en rapport avec la croissance et le dèveloppement technologique? Sommes nous, en partie, devant une crise provoquée? La progression des inégalités et la fin des classes moyennes. Crise…jusqu´à quand?. La crise et le chômage. Droit au travail ou droit a une “renta básica”. Le cas très particulier de l´Etat espagnol.

4-Un changement d´époque. (le mercredi 24 Octobre)

Un regard à la crise sous l´angle de la géopolitique. Le poids de la dette. Austérité ou croissance?

Sommes nous devant du commencement de la fin de la domination américaine. Les Etats Unis d´Amérique et sa (énorme) dette. La Chine, La Russie, le Brésil et les autres pays “émergents”. Les “pingtemps árabes”. L´Europe et le rôle de l´Allemagne . Le futur de l´euro. ¿Dollar ou Euro? Quels sont les changements politiques posibles au sein d´une Europe en pleine transformation?

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 09:51

 

On ne subit pas l'avenir, on le construit.

                                        Georges Bernanos

 

 

Certains d'entre nous se souviendront de la conférence donnée au plus fort de notre combat contre l'implantation d'un incinérateur de déchets ménagers sur le Bassin de Txingudi par Paul CONNET, professeur de chimie à l'université de St. Lawrence (État de New York / USA), sur le thème "Les émissions de dioxines des incinérateurs", le mercredi 2 juin 2004 à Bayonne .

 

La venue de ce scientifique en Pays Basque avait été rendue possible grâce à l'aimable intervention de Pierre-Emmanuel NEUROHR, alors directeur du CNIID, qui avait brillamment assumé la traduction simultanée de l'intervention de notre illustre conférencier.

 

Nous conservons en mémoire l'engagement environnemental résolu et généreux de Pierre-Emmanuel NEUROHR.

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

Nota : Après deux mois d'emprisonnement, Pierre-Emmanuel NEUROHR est sorti de la prison de la Santé le mercredi 7 novembre 2012 au soir. 

 

 

PÉTITION

 

P-M-Neurohr.jpg

                           Christophe-Emmanuel NEUROHR sur le tarmac d'un aéroport.                                                                                                                        Photo : Martin Leers

 

 

Mme Christiane Taubira, Garde des Sceaux: LIBÉREZ PIERRE-EMMANUEL NEUROHR !
  par Jean-Pierre Marchau La Réunion

 

L'écologiste Pierre-Emmanuel Neurohr est le premier détenu climatique de France. Il a été mis en examen le 7 septembre 2012 et incarcéré à la prison de la Santé pour avoir tenté d'empêcher un avion de décoller de Roissy le 5 septembre. Son action symbolique était non violente. Il s’est simplement placé sur la piste, devant l’avion, avant d’être rapidement arrêté.

 

C’est la cinquième fois en trois mois que Pierre-Emmanuel Neurohr proteste ainsi, « à mains nues », toujours pacifiquement, contre l'usage de ces machines responsables d'émissions massives de CO² qui contribuent à détruire irrémédiablement le climat de la planète. Son procès devrait avoir lieu le 18 septembre prochain, il risque désormais une condamnation à cinq ans de prison ferme. Pierre-Emmanuel Neurohr, homme de conviction, fondateur du Parti de La Résistance, est un prisonnier politique, son procès sera d’abord celui de l’hypocrisie d’une société prodigue en discours vertueux mais dont la cécité et la passivité face au réchauffement climatique peuvent s’avérer criminelles pour les générations futures.

 

Si la rhétorique utilisée par Pierre-Emmanuel Neurohr, dont l’usage du terme de « génocide », n’est pas partagée par tous les signataires, nous savons cependant que les faits sur lesquels il s’appuie pour justifier son action, sont, eux, indiscutables. L’avion est effectivement le mode de transport dont l’impact sur le climat est le plus destructeur dans le court terme. Pierre-Emmanuel Neurohr n’est pas un délinquant, encore moins un criminel, c’est un militant non violent, c’est pourquoi les arguments avancés par le Parquet pour justifier son incarcération, notamment le « risque encouru par les usagers » en cas de nouvelle intrusion, sont dépourvus de fondements, nous exigeons donc sa libération immédiate !

 

Pour signer la lettre-pétition :

http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/mme-christiane-taubira-garde-des-sceaux-lib%C3%A9rez-pierre-emmanuel-neurohr

 

 

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 19:35

 

SOCIÉTÉ

 

Le Brésil selon Dilma Rousseff* : une dictature économique en guerre ouverte contre les défenseurs de l'Amazonie ?

Le Brésil selon Dilma Rousseff : une dictature économique en guerre ouverte contre les défenseurs de l'Amazonie ?

 

* 36e présidente de la République fédérative du Brésil                            

Le barrage de Belo Monte a été jugé illégal par un tribunal brésilien en août, les travaux ont pourtant repris. Planète Amazone publie une tribune pour dénoncer un basculement du Brésil vers une forme d'autoritarisme économique qui bafoue, en Amazonie, les droits de l'homme et nuit à l'environnement, au risque de mettre en danger la planète.

 

Le Brésil défie aujourd'hui la communauté internationale en violant délibérément les droits de l'homme inscrits dans sa constitution et dans les traités internationaux qu'il a ratifié. Des entreprises françaises qui participent au développement économique du Brésil sont de fait aujourd'hui complices de ces exactions. Il faut que cesse immédiatement ces agissements qui entachent la réputation de la France, pays des droits de l'homme, et qui rangent le Brésil du côté des dictatures.

Il y a presque deux mois, le Brésil accueillait la Conférence des Nations Unies sur le développement durable à Rio de Janeiro. Déception aux yeux du monde, Rio+20 aboutit à un texte sans ambition. Le Sommet de la Terre d’il y a 20 ans est déjà loin. Les financements peinent à être débloqués, aucun pays n’a imposé son leadership pour négocier un accord à la hauteur des enjeux. L’Europe est engluée dans la crise de la zone euro, incapable de peser dans les négociations.   

Pourtant Dilma Rousseff, Présidente du Brésil, alors à la tribune, déclare : “Nous sommes réunis à Rio de Janeiro pour réaliser d’ambitieux progrès, pour faire preuve de courage, pour assumer des responsabilités. Nous sommes ici car le monde exige un changement”. De belles paroles mais des actes en contradiction avec celles-ci, car depuis de nombreux mois au Brésil, dans l’Etat du Para, en pleine Amazonie et donc loin des feux des projecteurs, se déroule une guerre dont l'enjeu est la destruction d'espaces de forêts et de fleuves encore vierges et la perte des droits à la terre de ses gardiens, les peuples autochtones qui y vivent. Cette guerre, c’est la présidente du Brésil elle-même qui l'a déclaré aux populations indigènes du Xingu en imposant par la force la construction de la centrale hydroélectrique de Belo Monte, un immense complexe de barrages qui, une fois construit, serait le troisième plus grand du monde.

Belo Monte est le cheval de Troie d'une exploitation irresponsable de la forêt amazonienne dont le rôle écologique et climatique est majeur pour l'humanité toute entière. Pour développer son potentiel énergétique et conforter sa place au sein du cercle privé des grandes puissances mondiales, le Brésil a décidé de construire jusqu'à 60 barrages sur les affluents amazoniens, dont l'ambition - nous dit-on - est d'approvisionner en électricité les grandes villes du sud du pays, mais dans les faits principalement des gisements miniers considérables.

Dans cette course effrénée, Belo Monte, vitrine de l'administration Rousseff, semble être la solution idéale, puisqu'il est censé, nous dit-on, produire une énergie « propre ». La réalité est toute autre : sa construction, entamée depuis un an, engloutirait au final plus de 668 km2 dont 400 km2 de forêt primaire, produisant ainsi d'énormes quantités de méthane (dont l'effet de serre est au moins 25 fois plus élevé que celui du CO²). Elle déplacerait plus de 20 000 personnes et au moins 24 peuples autochtones verraient leur mode de vie bouleversé en raison de la raréfaction des ressources vivrières : un ethnocide à court terme.

Le Brésil a pris l'engagement dès 1988 de reconnaître les territoires indiens, de les démarquer et de les protéger. Il a été aidé pour cela par les pays du G7, par le biais du plus ambitieux programme international de protection de l'environnement jamais conçu, le PPG7, lancé officiellement lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Le pays a aussi pris l'engagement vis-à-vis de la Communauté internationale de consulter ces populations dès lors qu'elles pourraient être affectées par des projets sur leurs terres. Mais le complexe de barrages de Belo Monte a remis en question tous ces principes établis : les populations autochtones n'ont pas été consultées avant le démarrage des travaux. Ces états de fait sont aujourd'hui reconnus et décriés par les Nations Unies qui ont rappelé à l'ordre le Brésil dès 2009. La Commission interaméricaine des droits de l'homme, l'Organisation Internationale du Travail, la Cour fédérale brésilienne ont déjà toutes demandé au Brésil de revoir sa copie et de respecter ses engagements, en particulier celui de consulter au préalable les populations autochtones. En réponse, le Brésil pratique la politique de la chaise vide quand convoqué à Washington, il fait rapatrier son Ambassadeur et nomme les juges enjoints d'annuler tout verdict contraire à ses intérêts.

Parallèlement, la déforestation fait rage afin de laisser place à une agriculture extensive écologiquement désastreuse qui spolie les peuples autochtones de leurs droits territoriaux et met littéralement en danger leurs modes de vie ancestraux.

Espoir. Le 14 août 2012, une décision historique du tribunal régional fédéral de la 1ère région, rendue à l'unanimité des juges présents, invalide la licence des barrages hydroélectriques de Belo Monte et de Tele Pires. L’autorisation de construire donnée par le Congrès National est déclarée illégale au motif que les consultations préalables des populations indigènes affectées par le barrage n’ont pas eu lieu. L'arrêt des chantiers est exigé le jour même, sous peine d'une amende de 200 000 euros par jour. La justice, garante de la démocratie, a parlé. La nouvelle fait le tour du monde et les ONG annoncent l'événement avec la prudence de rigueur. Tous les verrous constitutionnels et juridiques censés empêcher le projet ont déjà été crochetés dans le passé par l'administration Rousseff. En sera-t-il autrement aujourd'hui après le discours de Rio +20, alors que la Coupe du Monde de Football et les Jeux Olympiques de Rio se profilent et maintenant que la mobilisation contre Belo Monte s'est mondialisée ?

Rage. Le 28 août 2012, les résistants reçoivent la confirmation qu'ils n'ont plus rien à attendre de la justice de leur pays qu'il ne leur est pas permis de se sentir à la fois indigène et pleinement brésilien dans un pays qui, après une longue expérience militaire, inaugure une nouvelle forme de dictature, habilement camouflée sous ses atours de puissance économique émergente. En effet, le Président de la Cour Suprême Ayres Britto vient d'autoriser la reprise de la construction de Belo Monte et donc de suspendre la décision du 13 août, sans aucune enquête préalable et à la demande du gouvernement brésilien. Appliquée le 23 août au soir, la paralysie du chantier, après des mois de batailles juridiques, aura duré quatre jours, dont deux ouvrés si l'on tient compte du week-end. Tout ça pour ça ? Le 4 septembre, c’est au tour du Ministère Public fédéral de demander au Président de la Cour Suprême de reconsidérer sa décision. Le procureur général de la République, Roberto Gurgel et la vice-procureur générale, Deborah Duprah rappellent que les Indiens auraient dû être consultés par le Congrès National avant le lancement des travaux de Belo Monte. Seront-ils entendus?

Pire encore, une information déconcertante jette encore un fois le trouble et rend d’autant plus suspicieuse la détermination de l’Etat brésilien : Belo Sun Mining Corporation, entreprise canadienne s’apprête à exploiter à 15 km du complexe de barrages de Belo Monte un gisement d’or nouvellement découvert. Le rapport d’impact environnemental du projet nous apprend que le plus grand projet d’exploitation d’or au Brésil sera approvisionné par… Belo Monte! La centrale hydroélectrique a-t-elle vraiment pour but de fournir les villes du Sud en énergie? Difficile à croire lorsqu'on se penche sur la dramatique histoire de l'industrialisation de l'Amazonie des quarante dernières années.

Peuples indigènes, associations et mouvements écologistes ou de protection des droits de l'Homme : tous dénoncent une mascarade. La société civile brésilienne et internationale (Movimento Gota d’Agua, Movimento Xingu Vivo Para Sempre, Avaaz, Amazon Watch, Planète Amazone...) a manifesté, pétitionné... en vain. Les travaux ont donc repris comme si de rien n'était, et dans l'indifférence quasi-générale. Et pourtant, cet événement est la marque d'un basculement du pays vers une forme d'autoritarisme économique qui n'est pas sans rappeler la Russie de Poutine ou la Chine éveillée de ce début de XXIème siècle.

Les peuples du monde jouaient leur avenir à Rio+20, les peuples indigènes jouent leur vie dans l’Etat du Para. Comme si la coupe n’était pas assez pleine, au déni de justice s'ajoute ce que l'on peut sans exagérer qualifier d'une véritable persécution du Brésil de Dilma Rousseff envers les populations indigènes du pays qu'elle dirige. Le gouvernement brésilien a émis ce mois-ci l’ordonnance 303 qui prévoit de réviser à la baisse, selon l'intérêt supérieur de l'Etat, les démarcations des terres indigènes, obtenues de haute lutte, c'est à dire de donner priorité aux projets industriels sur le droit à leur terre de ces peuples menacés. Dans un même temps, le Brésil souhaite réformer son code forestier sous l'influence du lobby des exploitants forestiers et agricoles. Même si la Présidente Dilma Rousseff y a mis un véto partiel, les modifications au Code forestier de 1965 vont permettre l'appropriation des terres autochtones par de petits exploitants agricoles qui pourront ensuite les revendre à des grandes firmes de l'agroalimentaire. Les auteurs de colonies sauvages en territoire indigène ne seront pas expropriés mais amnistiés. Un appel d'air pour tous ceux qui lorgnent sur leurs terres. Vous avez dit « preuve de courage » et « assumer ses responsabilités » ?  

L'opposition à la construction du complexe de barrages de Belo Monte n’est pas un combat parmi d’autres. C'est d'ailleurs pour cela que les citoyens du monde entier sont chaque jour plus nombreux à exprimer leur indignation face à l'obstination de la présidente Dilma Rousseff à vouloir poursuivre coûte que coûte ce projet tant décrié, dont les dommages collatéraux pèseront lourd sur les générations à venir. Belo Monte est un symbole, car il s'attaque au cœur de la forêt amazonienne, le « poumon vert » de notre planète, rempart naturel contre le changement climatique, et à ses populations les plus emblématiques, dont le peuple du Cacique Kayapo Raoni, figure de proue de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne depuis plus de 40 ans. Un symbole, car Dilma Rousseff tente de l'imposer à un moment où l'Humanité se trouve à la croisée des chemins, alors que nous savons déjà que la destruction des environnements et écosystèmes indispensables à la vie est une voie suicidaire pour notre espèce. Un symbole, car il met brutalement en confrontation deux modèles de développement : celui de notre civilisation et celui des peuples premiers, alors qu'une cohabitation intelligente et profitable à tous est en option. Le projet Belo Monte soulève une question essentielle : quelle peut encore être la place de la nature et de la vie dans le schéma économique et sociétal de l'Homme du XXIè siècle?

Les pays développés sont complices de cette marche arrière du droit au Brésil. Nous participons activement à la violation des droits de l'homme dans ce pays en laissant des entreprises européennes signer des contrats avec l'Etat brésilien. Aujourd'hui,  Alstom, GDF Suez, Voith-Siemens et Andritz sont partenaires de projets de barrages en Amazonie, dont des barrages géants qui ne peuvent être considérés comme source d'énergie verte. L'Etat est parfois actionnaire de ces entreprises et investit l'argent de nos impôts dans la destruction de l'Amazonie et de ses peuples. Nous ne pouvons plus rester silencieux et attendre que le balai diplomatique onusien fasse dans l'ombre son lent et précieux travail de garde-fou.

Nous pensons que le gouvernement français à le devoir de condamner fermement l’attitude du Brésil et de dénoncer cette justice muselée au service d’un profit économique à court-terme.

Nous pensons que le gouvernement français a pour devoir de ne pas engager les deniers publics dans des projets qui bafouent les droits de l'homme et détruisent des écosystèmes irremplaçables et vitaux pour notre avenir commun.

Aujourd’hui, plus que jamais, le peuple doit prendre son destin en main. Nous, citoyens français ne devons pas oublier que nous sommes aussi citoyens européens et citoyens du monde et nous tenir prêts à boycotter des entreprises françaises, européennes et autres qui se rendent complices de tels agissements. En tant que consommateurs, nous avons par exemple la possibilité de faire des choix dans nos fournisseurs d'énergie domestique, d'exiger une traçabilité irréprochable pour le bois que nous utilisons, le soja, la viande, le cuir, l'alluminium et l'huile de palme importés d'Amazonie que nous consommons, souvent à notre insu (tous ces produits constituent les facteurs principaux de la déforestation).

Parce que la présidente Dilma Rousseff est en train de faire de la démocratie brésilienne une dictature économique qui broie l'Homme et la nature, certains appellent déjà les sportifs français à envisager un boycott de la Coupe du Monde de football de 2014 et des Jeux Olympiques de 2016, tous deux prévus à Rio de Janeiro, si la sixième puissance de la planète n'a pas changé de politique d'ici ces échéances. Nous pensons en tout cas qu'il faut prendre des mesures concrètes dès maintenant, dans notre quotidien, pour cesser notre participation à cette mise à mort programmée de l'Aamzonie et de ses peuples.

Pour que les Indiens du Brésil ne deviennent pas les Tibétains d'Amazonie, et le « Poumon de la Terre » le cancer de notre civilisation.


Source : PLANÈTE AMAZONE - SEPTEMBRE 2012 - par le biais du site http://www.raoni.com/

 

 


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