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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 20:00

 

SOCIÉTÉ

          Merkel 3

                               Une harmonie de façade qui dissimule mal de profondes divergences d'intérêts.   

                                                                           Image : Robert Arnholz 

 

Peu soucieuse de s'entourer de la moindre précaution de forme envers ses voisins et "amis français", la presse conservatrice allemande - ici le quotidien "DIE WELT", fleuron du tentaculaire groupe d'édition Axel Springer¹·² - verse volontiers dans la désinvolture et l'arrogance lorsqu'il s'agit de soutenir la Chancelière et de faire comprendre qui donne le ton dans l'Europe d'aujourd'hui. Cette façon de procéder paraissait encore difficilement concevable à la veille de la réunification allemande.   

Voici, avec un petit décalage dans le temps, un échantillon des propos parus dans l'édition du lundi 16 juillet 2012 de ce journal, sous la plume du journaliste Ulf Poschardt³ qui semble montrer peu de compréhension pour le rôle assigné au nouveau Président français. 

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT 

                   
      
  

 AVEC HOLLANDE, NOUS ÉCHOUONS 

                                                                        Traduction : Sirius


La France donne l'impression d'être perdue. L'axe germano-français n'a pratiquement plus de sens. Comme si le soutien provocateur apporté lors de l'important sommet de Bruxelles par le nouveau président François Hollande aux pays endettés (de la zone euro NDLR) n'était pas une preuve suffisante du peu d'intérêt porté envers le partenariat avec les Allemands, voilà maintenant que s'annonce une nouvelle provocation qui va avant tout porter préjudice à l'Allemagne, puisqu'elle prévoit des mesures de sauvetage d'une industrie automobile française aux modèles difficilement commercialisables. Le dernier véhicule vraiment remarquable que les Français développèrent a été, en 1955,  la Citroën DS, qui fut un parfait exemple de la capacité d'innovation européenne4. Depuis, les constructeurs automobiles français se trouvent dans une sorte d'effondrement peu spectaculaire, qui impose à Peugeot un sauvetage par le biais d'une réduction radicale de son personnel. Ceci ne correspond pas au souhait du président socialiste François Hollande qui juge ce plan inacceptable, s'interposant ainsi en Super-PDG de Peugeot et Citroën.

Bienvenue dans l'économie étatisée. Dans un peu plus d'une semaine le gouvernement socialiste veut présenter un plan pour l'industrie automobile. Les subventions prévues doivent, entend-on dire, si possible ne pouvoir profiter qu'aux constructeurs français et venir, en contre partie, plus lourdement imposer les véhicules de luxe. Ceci affecte particulièrement les constructeurs allemands. Le tout devrait être présenté sous le couvert d'une mesure écologique, censée favoriser la vente des modèles hybrides français sur le marché. L'interaction entre l'économie étatisée, le protectionnisme, les augmentations d'impôts et l'octroi de subventions aux produits non-commercialisables, s'apparente ainsi à une caricature socialiste de gouvernance économique. Ceci est une voie autoritaire, réactionnaire et liberticide qui, venant d'une nation qui lutta significativement et avec succès pour la propagation des droits civiques, apparaît étrangement indigne. Si Hollande devait conséquemment poursuivre sur cette voie, la France perdrait alors le contact avec les Allemands. Pour Angela Merkel les Français ne sont dès maintenant déjà plus des partenaires de même rang.

Hollande agit comme un carriériste aigri. Il a été forgé, ainsi que la plupart des hommes politiques de haut niveau, par l'élitaire ENA, et se considère de ce fait comme légitimé pour impulser un changement de l'ordre des valeurs. Merkel doit prendre soigneusement en considération d'autres membres de l'alliance tels: les Polonais, les Anglais, les Scandinaves, les Baltes et les Hollandais, pendant qu'à Paris les dirigeants veulent une Europe bureaucratique et protectionniste qui observe d'un regard soupçonneux la liberté entrepreneuriale et la globalisation. L'exemple Peugeot-Citroën illustre aussi cela ; ce sont des firmes qui se targuent dans leurs spots publicitaires de proposer des véhicules que l'on peut facilement confondre avec des produits allemands, mais qui ne sont en fait tout au plus que des copies en manque d'inspiration, comme l'est également Hollande, réincarnation de son prédécesseur Mitterrand.

 

 

¹ Le groupe d'édition Axel Springer édite en France : Auto Plus, Télé Magazine, Vie Pratique Gourmand, Vie Pratique Madame. Il est présent sous Internet avec : aufeminin.com, Marmiton, Teemix, Joyce, Voyage Bon Plan, Santé AZ, Tiboo. Il détient par ailleurs des participations majoritaires dans zanox.com (marketing en ligne), idealo.fr (site comparateur de prix), seloger.com (annonces immobilières), stepstone.fr (diffuseur d'offres d'emploi) et autoreflex.com (site de véhicules d'occasion).

² À ne pas confondre avec le groupe d'édition Prima Presse, filiale française du géant allemand Bertelsmann, qui détient pour sa part les titres de presse suivants : Capital, Géo, Management, Néon, Télé-Loisirs, TV 15 jours, TV Grandes chaînes, VSD, Voici, Gala, Femme Actuelle, Prima, Prima Maison, Cuisine Actuelle, Guide Cusine, Gala Gourmand, Intense. Bertelsmann détient par ailleurs les médias audio-visuels RTL et M6, regroupés sous la bannière de RTL Group. Le groupe Motor Presse France, qui édite entre autres L'Automobile, L'Officiel et Moto journal, appartient également au groupe Bertelsmann. France Loisirs: éditeur et club de lecture.

³ http://www.welt.de/print/die_welt/article108298801/Mit-Hollande-scheitern-wir.html

4 Remarquer ici que l'unique compliment adressé à un constructeur français pour un modèle jadis produit est curieusement transposé en "capacité d'innovation européenne".  

 

Les annotations ci-dessus sont de la rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT . 

 

Nota: Les rapports franco-allemands pourraient désormais s'approcher du point de bascule. Pour mieux le 

         comprendre, lire l'analyse de Frédéric Lordon parue sous le site Internet du Monde diplomatique :

         http://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/LORDON/48034 ...  et ne pas oublier de soutenir 

         financièrement ce mensuel si vous le pouvez.

 

 

 

 



 

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