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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 11:57

 

Cette rubrique est destinée à présenter des Hendayais(es) vivants(es) ou disparus(ues) qui auront marqué la vie de leur quartier et de la ville pour avoir été des personnages hauts en couleurs et/ou exemplaires.

 

Si vous souhaitez faire connaître ou voir renaître des figures marquantes sur lesquelles vous possédez textes et photos, contactez-nous en utilisant l'adresse mail que vous trouverez sous la rubrique "Contact" ci-contre. Vous pourrez alors nous demander à ce que votre anonymat d'intervenant soit garanti, toutefois aucun envoi non clairement identifiable sera publié.

 

Le présent portrait est celui d'un ancien combattant républicain du quartier des Joncaux.

 

 

                     Luis Perea Bustos

                                                                     1918 - 2014

 

C'est avec une grande émotion que nous avons appris le décès de Luis Perea Bustos, survenu le 13 juillet 2014 à Hendaye: http://www.rtve.es/noticias/20140716/fallece-96-anos-luis-perea-uno-ultimos-supervivientes-espanoles-mauthausen/974925.shtml

 

http://www.20minutos.es/noticia/2195311/0/fallece-luis-perea/superviviente-espanol/campo-nazi-mauthausen/

 

Notre mémoire collective conservera de Luis Perea Bustos l'indélébile souvenir d'un homme fraternel, généreux, dont l'inébranlable combat pour la défense de nos libertés aura été d'une incomparable exemplarité.  

 

Luis Perea Bustos était une figure familière des habitants du quartier des Joncaux. Ce solide nonagénaire vivait depuis trente ans, au bord de la Bidassoa, face à son pays. Né en 1918, ses voisins ne se doutèrent pas que cet éternel jeune homme avait participé à la guerre civile d’Espagne, puis avait ensuite déporté. Raconter sa vie, c’est raconter une terrible page d’histoire. Voici son portrait.

 

Notre rédaction s'associe au deuil de sa famille et lui exprime son amicale compassion.                                                                                                                   

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

                                                                            Photos-de-Luis-PEREA-BUSTOS.JPG             Luis Perea Bustos a participé à la guerre civile d’Espagne et a ensuite

              été déporté à Mauthausen.                

      Le dernier défenseur républicain

 

                                               Portait établi par

                                           Edith Anselme           


La présence inédite d’un drapeau républicain espagnol lors de la cérémonie commémorative de la Journée nationale de la déportation, le 28 avril 2013 à Hendaye, ainsi que lors de la célébration du 68e anniversaire de l’armistice quelques jours après, le 8 mai, a symboliquement rapproché les victimes du monde concentrationnaire des deux rives de la Bidassoa. Voici le portrait de l'un des participants à ces cérémonies qui, après voir été un défenseur de la seconde république espagnole, sera ensuite déporté au camp de concentration de Mauthausen.

 

Défense de Casa de Campo

Ancien volontaire de l’armée républicaine espagnole, Luis Perea Bustos intégra les rangs des défenseurs de la seconde république dès le début de 1935. Il participa aux sanglantes batailles qui opposèrent les partisans de la république proclamée après les élections générales de juin 1931, aux troupes nationalistes du général Franco, aidées par celles de Hitler et Mussolini. Il prit part à la défense de la ligne de front du campus universitaire de Casa de Campo, à Madrid, front qui se poursuivit jusqu’à la chute de la ville à la fin de la guerre civile. Après la bataille de Guadalajara en mars 1937, il fut renvoyé à Casa de Campo où, le 11 avril 1937, il fut blessé par balles.

 

Sitôt rétabli, on dépêcha Luis Perea Bustos sur le front de la meurtrière bataille de Teruel qui fit au moins 37 000 morts et 50 000 blessés. Il combattit enfin lors de celle de l'’Èbre, la plus gigantesque des batailles de la Guerre d’Espagne, mais aussi celle qui sonnera le glas des forces républicaines débordées par la présence massive d’artillerie et d’aviation en provenance du Reich allemand.

 

La Retirada

Cette succession de batailles perdues facilita grandement l’entrée des troupes franquistes dans Barcelone fin janvier 1939. Luis Perea Bustos rejoignit alors les rangs des quelque 450 000 républicains de la Retirada qui franchirent la frontière en direction des camps du Roussillon. Il fut tour à tour interné à Saint-Cyprien, puis à Barcarès, avant d’être invité, courant mai 1939, à rejoindre l’Espagne franquiste où à se laisser enrôler dans l’armée française en tant que supplétif. Il fut ainsi envoyé sur la ligne Maginot, puis transféré, dès la déclaration de guerre, à Delle, près de Besançon. Les troupes allemandes l’arrêtèrent en cette localité au lendemain de leur invasion et l’internèrent dans le camp de prisonniers de guerre de Altengrabow, proche de Magdebourg.

 

Vers le camp de Mauthausen

Les conventions internationales traitant du sort des prisonniers de guerre devaient normalement éviter à Luis Perea Bustos d’être déporté. Il ne bénéficiera malheureusement pas du respect de son statut de prisonnier de guerre et sera déporté, le 28 avril 1941, au camp de concentration de Mauthausen.

 

Il connut alors, à l’image de ses 85 000 codétenus, la malnutrition extrême, les dysenteries chroniques ainsi que la terreur psychologique et les sévices corporels. Il échappa toutefois au sort des 123 000 à 320 000 victimes de ce complexe concentrationnaire qui cédèrent des suites de la famine ou d’épuisement, des répétitives épidémies de typhus ou de choléra, ou périrent encore sous les balles des constantes exécutions individuelles ou collectives. Transféré dans le camp annexe de Steyr le 22 avril 1942, il ne devra son salut qu’à la solidarité sans faille et au sens insoupçonné du partage qui prévalaient entre les détenus et permirent à un petit nombre d’être libérés le 5 mai 1945 par la 11e Division blindée de la 3e armée des États-Unis.

 

Dénouement semi-heureux

Luis Perea Bustos restera à tout jamais marqué par cette sanglante guerre civile d’Espagne, sinistre prélude à la folie du second conflit mondial. Elle engendrera chez lui un engagement indéfectible en faveur des fondements démocratiques de nos sociétés. À la question de jeunes historiens venus recueillir son témoignage sur cette sombre période de l’histoire contemporaine et qui souhaitaient par ailleurs savoir s’il avait un seul regret à formuler au sujet de son engagement d’antan, il répondit alors sans hésiter : « Celui de ne pas être ainsi parvenu à maintenir l’Espagne au sein de la grande famille des nations républicaines du continent ».

 

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Published by Sirius