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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 09:26

 

Les lobbyistes du monde économique se sont infiltrés partout, depuis les parlements régionaux et nationaux jusqu'aux institutions européennes et même internationales. Ces lobbyistes étaient donc évidemment omniprésents dans les couloirs de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) qui s'est tenue du 20 novembre au 11 décembre 2015 au Bourget. La mobilisation d'une soixantaine de multinationales (dont de très nombreuses françaises) qui contribuèrent à la réussite de cette conférence en jouant le rôle de mécènes chargés de cofinancer cet événement d'un coût de 187 millions d'euros, ce qui représente beaucoup d'argent en des temps où les caisses étatiques sont vides,  soulève une fois encore la légitime question de savoir si l'on ne se complaît pas dans le non-sens et l'on n'alimente pas le discrédit en allant courir après l'argent de sponsors dont les domaines d'activités sont particulièrement responsables des dérèglements climatiques majeurs auxquels nous assistons.

 

On est ainsi en droit de se demander si des sociétés comme Aéroports de Paris, Air France, Colas, EDF, Engie, Michelin ou encore Renault Nissan et bien d'autres avaient vraiment leur place en tant que mécènes d'une conférence censée vouloir sauver notre planète du désastre écologique et humain que représente l'actuel réchauffement climatique. Ces sociétés ne symbolisent-elles pas l'insouciance consumériste dans laquelle nous sommes englués et qui porte une large part de responsabilité dans les fondements nos problèmes ? Il n'est pas aisé d'évoquer ce sujet dans nos pays où le productivisme est érigé en dogme sociétal et où les sponsors de la COP21 pouvèrent ainsi s'en donner à cœur joie de chercher à nous persuader que notre matérialisme outrancier se conciliait fort bien avec la préservation environnementale.

 

Le meneur de la campagne d'éco-blanchiment à laquelle nous avons assisté pendant toute la durée de cette COP21 fut EDF. Cette société cherchant à se faire passer pour le " partenaire officiel d’un monde bas carbone ", alors que l'on sait que ses centrales thermiques ou nucléaires sont tout, sauf respectueuses de notre environnement, les unes rejetant des nuées de gaz à effets de serre, les autres produisant des dizaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs dont on ne sait que faire (1).

Une sélection des représentants d'un monde mirifique où plus l'on produit, plus l'on est contraint d'user des artifices de l'éco-blanchiment.

Une sélection des représentants d'un monde mirifique où plus l'on produit, plus l'on est contraint d'user des artifices de l'éco-blanchiment.

L'affirmation erronée ici évoquée ne pouvait toutefois rester longtemps inpunie. La société EDF vient en effet d'être épinglée par le Jury de déontologie publicitaire (JDP) suite à sa campagne publicitaire de désinformation menée pendant la COP21. Saisie par l'association Réseau Sortir du nucléaire, le JDP reproche vertement à l'électricien de ne pas avoir respecté la recommandation "Développement durable" de l'Autorité de la régulation professionnelle de la publicité (ARPP) qui dispose notamment que :

 

- " 1.1 La publicité ne doit pas induire le public en erreur sur la réalité des actions de l'annonceur ni sur les propriétés de ses produits en matière de développement durable."

 

Ce JDP fait par ailleurs grief à EDF d'affirmer " que la production d'électricité à base d'énergie nucléaire n'émet pas de CO2 " ou encore que " 98% de la production électrique française est sans CO2 ". Il note par ailleurs l'inopportunité qu'il y a à occulter " toutes les incidences environnementales " qu'une production nucléaire engendre, ce qui va manifestement à l'encontre des recommandations émises par l'ARPP.

 

Nous ne pouvons que nous réjouir de la décision du JDP qui marque une étape supplémentaire en direction d'une reconnaissance officielle des nuisances environnementales et sanitaires qu'engendre la production d'électricité nucléaire. Ce verdict nous rapproche ainsi toujours plus d'une prise de conscience nationale sur les dangers que pose l'insoluble problème du stockage des déchets radioactifs à la population et représente un risque qui n'est pas moindre que la toujours possible explosion d'une centrale nucléaire. 

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

(1) Voir à ce sujet les risques encourus avec l'enfouissement des déchets radioactifs : http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/eboulement-mortel-site-denfouissement-bure-quels-risques-dechets-nucleaires-1212263

 

(2) Lire aussi l'intégralité de la décison du Jury de déontologie publicitaire (JDP) qui est d’avis que la publicité diffusée sur son site internet par la société EDF, n’est pas conforme aux dispositions 1.1, 3.3 , 3.4 et 6.5 de la Recommandation Développement durable de l’ARPP :        

                                                        http://www.jdp-pub.org/EDF-Internet.html

 

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